Chiyo, habillée en tenue de bonne soeur, se promenait dans la ville pour faire quelques emplettes. Elle portait déjà trois gros sacs plastiques remplis de diverses nourritures. Oui, pour Chiyo, shopping = nourriture !
En sifflotant, elle marchait d'un pas calme et assuré, quand elle se retrouva soudainement face à une bagarre. Un jeune homme; un collégien ou un lycéen, avait été empoigné par un homme de forte corpulence qui semblait beaucoup lui en vouloir.
Chiyo lâcha avec précaution ses sacs de nourriture, avant de s'approcher.

"Allons monsieur, vous n'allez pas vous fâcher pour si peu ! Lâchez donc ce pauvre garçon, il n'a sûrement rien fait de grave."

Chiyo commença à déserrer avec douceur la prise de l'homme. Celui-ci ne l'écouta pas et la poussa avec une certaine brutalité. Elle tomba alors en plein dans ses sacs de nourriture.
Il ne savait pas quel erreur il venait de faire...

"Toi, tu t'occupes de tes affaires, la Bonne Soeur ! Ok ?"

Chiyo s'approcha de l'homme avec une expression de colère. Cet homme avait osé lui faire perdre la moitié de sa nourriture ! Et il agressait quelqu'un sans raison. Il allait le payer...

"Non, je ne m'occupe pas de mes affaires, monsieur. Vous avez osé gâcher de la nourriture, et vous prendre à quelqu'un sans véritable raison ! Je vais vous apprendre...Ajouta-t-elle avec une expression de colère assez effrayante. "


Elle saisit le bras de l'homme, et le tordit comme si c'était du plastique. Celui-ci hurla et tomba à terre. Puis Chiyo le lâcha et le laissa s'en aller. Il avait l'air terrorisé, un peu de cette manière-là...
Chiyo s'approcha du jeune homme et le releva. Elle aperçut l'autre demoiselle, qui était au dos de l'homme et qui devait être au collège :

"Bonjour à vous deux, je m'appelle Chiyo Matsuryu, j'ai 14 ans et je suis en 2B au collège Mahora. Et vous ?"

Elle n'entendit pas les pas de l'homme qui revenait, une batte à la main et qui s'apprêtait à la frapper.

- Stop.

Seul fut le mot prononcé par la démone. Sec, brutal, et autoritaire. Sur son visage, une incomparable impassibilité. Dans ses yeux, la même expression habituelle de tristesse et de souffrance. Sayuri, en ce jour rendue en ville pour achever le nécessaire achat de ses nouvelles fournitures scolaires, avait saisi brutalement le poignet de l'homme armé. Cet homme s'apprêtait apparemment à frapper une bonne sœur avec une batte. Aucune dignité. Vouloir ôter la vie à une créature tout à fait innocente, juste pour une remarque justifiée ? Si tuer était bel et bien l'intention de ce fou-furieux, il ne parviendrait pas à ses fins aujourd'hui. La grosse brute scruta, les yeux grands ouverts par la folie et le visage déformé par l'horreur, la " petite " démone vêtue de vêtements sombres et lolitas, couverts de symboles mystiques comme des croix. Violemment, sans réfléchir, elle lui tordit le poignet, et celui-ci tomba à terre, lâcha l'instrument meurtrier et se mit à hurler de pleins poumons.

- Lâche, traître, inhumain, fade, dépourvu d'intêrets, pitoyable, pathétique, cruel. Tant de mots si peu avantageux pour décrire un homme comme toi.. minus. Attaquer par derrière, c'est pas très joli-joli, hein ? Prie Dieu pour que l'envie ne me prenne pas de te fracasser le crâne sur le champ. Allez, enfuis-toi.

Sans se faire prier, l'inconnu s'enfuit à toutes jambes. Après avoir soigneusement vérifié que l'homme était bel et bien parti, Sayuri s'avança, un sourire amical aux lèvres, vers la nonne, et lui tendit un billet étranger.

- Si tu échanges ça à la banque, tu auras largement de quoi repayer la nourriture dont ce lâche t'as privée. Cadeau... d'amie.

Totalement gênée, Chiyo secoua la tête frénétiquement. Elle fit un très grand sourire

"Je ne peux pas accepter cet argent, ce serait même plutôt à moi de vous payer ou de vous randre service pour m'avoir porté secours. D'ailleurs si je peux faire quoi que ce soit pour vous témoigner ma gratitude je le ferais. Je suis Chiyo Matsuryu, je suis en 2B au collège Mahora."

Elle fit un très grand sourire. La jeune demoiselle était beaucoup trop aimable !

Après que l'homme l'eut lâché, Masao était tombé sur le sol et bouché bée, il avait regardé les évenements défiler devant lui à une vitesse surprenante. En moins de quelques minutes, il avait reçu l'aide de trois jeunes filles qui avaient fait déguerpir son agresseur. Il resta sur le sol un instant, histoire de clarifier les choses dans son esprit puis, sourire aux lèvres, il se leva pour faire face aux nouvelles venues. Il les regarda toutes trois intensément dans les yeux, comme il le faisait chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un pour la première fois. Lorsqu'il vit qu'elles commençaient à être gênées, il prit la parole;

-Éh bien... c'est comme ça que les habitants de cette ville souhaitent la bienvenue aux étrangers, ici? , ironisa t-il. Merci de votre aide... j'ai été bête, j'aurais pu réagir autrement et m'éviter ce faux pas. Heureusement que vous êtes intervenues....

Ce n'est qu'à cet instant qu'il remarqua la nourriture de Chiyo, tombée sur le sol. Dès cet instant, son sourrire s'effaça car il s'en voulait. Si il aurait réussi à régler lui-même ses problèmes, cet incident ne serait pas arrivé et la nonne aurait toujours quelque chose à se mettre sous la dent. Cet incident était complètement de sa faute et il voulait s'en excuser. Il s'adressa à la dernière venue, qui tendait un billet.

-Non, laissez, c'est moi qui devrait la rembourser. Écoutez, je suis arrivé aujourd'hui ay lycée Mahora et je ne connais personne. Pour m'excuser de ce qui vient de se passer, je vous propose de m'accompagner au restaurant. Bien sûr, c'est ma tournée, ne vous gênez pas! ....... Au fait, je suis Ichiguro Masao, mais appellez-moi Mao. Heureux de faire votre connaissance.

Chiyo se tourna vers Masao, toute rougissante. Le garçon ne devrait pas se sentir ainsi coupable !

"Moi aussi je suis enchantée. Mais tu n'es pas obligé de faire ça...C'est la faute à cet homme si la nourriture a été écrasée..."

A ces mots, Chiyo se sentit prise d'un brusque énervement. Ce rustre qu'elle avait rossée avait écrasé Sa nourriture !:silent:Chiyo serra les poings sans s'en rendre compte. Jusqu'à qu'elle finisse par voir qu'elle avait l'air nerveuse :

" Ah, mais il faut pas que je m'énerve pour si peu, ce que je peux être bête parfois ! Excusez ma nervosité Mao-sempai !"


Chiyo se mit à rire un peu gênée. La nourriture était sans doute l'une des seules choses qui pouvaient lui faire perdre son sang-froid, avec l'injustice et les agressions...

- Au restaurant ? Humm..

Une déferlante de tristesse passa alors dans les yeux de Sayuri. Un humain l'invitait au restaurant, que devait-elle répondre ? Elle avait toujours peur que son Tuteur revienne la chercher, la faire payer pour sa sympathie envers la " race inférieure " comme il se plaisait tant à les appeler. Mais si, malgré les apparences, ces trois individus n'étaient pas de simples humains ? Et puis, que pouvait-il lui arriver, ici, à Mahora ?

- J'accepte. Mais, politesse oblige, permettez-moi de me présenter. Je suis Sayuri Nakazawa, en seconde B avec Mademoiselle Sanae Furukawa-Sensei. J'ai quatorze ans. .. Ravie de vous connaître.

" Ravie ". Oui, derrière sa façade froide et calculatrice, Sayuri était heureuse de se trouver en présence de personnes qui pourraient devenir ses amis, même si l'une d'elle paraissait, tout comme elle, légèrement associable.

Maintenant qu'il connaissait le nom de ses trois nouvelles connaissances, Masao fit demi-tour et, toujours avec le sourrire fendu jusqu'aux oreilles, les invita à le suivre. L'une d'entre elles, Risa, semblait pourtant ne pas vouloir les accompagner. L'autre, Sayuri, n'avait pas l'air très sociable non plus et le regardait d'un air distant, presque glacial. De nature joyeuse, le jeune homme n'avait pas envie de les laissez derrière, même si elles daignaient vouloir venir.

-Vous ne voulez pas venir, Tsubaki-san? Allez, c'est moi qui paye, je vous dis! Si vous refusez mon invitation, je vais me sentir mal.. et puis comme je vous ai dit, je viens tout juste d'arriver et tout ce que j'ai envie de faire, c'est de tisser des liens avec des gens comme vous. Alors... vous nous accompagnez?

Sans le vouloir, il l'avait vouvoyée et traitée comme une adulte, alors qu'elle était plus jeune que lui. Il fallait croire que puisqu'il venait de la rencontrer, il se sentait distant. Il espèrait que cette distance allait bientôt disparaître, car il n'aimait pas lorsqu'il ne sentait pas proche des gens à qui il parlait.

-Je crois avoir vu une pizzeria à une ou deux rues d'ici. Je ne sais pas pour vous, mais je commence à en avoir marre de la bouffe japonaise et j'ai envie de faire changement. Manger Italien, ça vous dit?

Chiyo eut un très grand sourire à cette proposition. Surmontant sa gêne, elle s'exclama, gaiement :

"J'adorerais manger italien, surtout en bonne compagnie ! Ce serait gentil si vous veniez aussi Tsubaki-san et Nakazawa-san ! On pourrait faire plus ample connaissance, surtout qu'on est camarades de classe, Nakazawa-san !"

Avec un sourire candide, Chiyo s'approcha de Masao avant d'inviter les deux jeunes filles à faire de même.

Bon, il insistait, et il avait pas l'air d'avoir une arrière pensée... Peut-être qu'elle pourrait venir, elle n'avait rien à faire... Non, en réalité, ce qui l'avait fait changer d'avis, c'est tout d'abords le fait que malgré son tempérament de cochon ils insistaient, peut-être étaient-ils capable de l'accepter pour ce qu'elle est... Et surtout elle avait accepter parce qu'on lui proposait un Italien et qu'elle adorait la cuisine occidentale. Bon, Bah vous avez décider Risa. Elle croisa les bras et s'approcha d'eux.

"Bon, je viens, après tout je préfère de loin la cuisine occidentale... Et "Risa" suffit, Tsubaki-san ça fait trop formel."

Bah voilà, au moins son irrespect de règles lui faisait faire un pas. Allez, encore un effort et peut-être qu'elle se fera des amis, même si elle fait croire que ce dont elle a besoin c'est une bande... Allons bon, laissez-là se persuader elle même...

[Vraiment aucune idée, désolée T^T]

" On pourrait faire plus ample connaissance ! "

A ces mots, Sayuri sentit en elle déferler une cascade de bonheur. La nonne voulait faire connaissance avec elle ? La blondinet aussi ? D'habitude, Sayuri aurait réagit froidement, puis aurait tourné les talons, exerçant un jemenfoutisme incomparable. Mais cette fois-ci, le sourire chalereux et bienveillant de sa " camarade de classe " lui réchauffa le coeur, aussi elle s'apprêta de se joindre à eux, et lança un petit sourire timide à sa .. nouvelle amie ? Mais prenant conscience qu'elle était en train de désobéir à son tuteur, elle secoua la tête, confuse, et se mordit la lèvre inférieure. La nausée la submerga, et la démone sentit sa tête tourner. Et s'il le savait déjà ? Non, impossible, pas déjà ! Le corps de Sayuri tout entier se mit à trembloter, mais elle reprit ses esprits quelques secondes plus tard. C'était une fille qui savait parfaitement maîtriser ses pulsions. Être heureuse.. est-ce que c'était mal ? Ou simplement un luxe qu'une démone comme elle ne pouvait s'offrir ? Non, non, non ! Tout le monde avait le droit de vivre en harmonie avec soi-même et avec les autres, elle le répètait si souvent ! Pendant un court instant, son regard s'arrêta sur Risa. Est-ce qu'elle ressentait la même chose, elle aussi ? De la gêne ? Tant de questions qui finiront toujours sans aucune réponse précise... A cette simple pensée, Sayuri fut prise d'un haut le coeur.

* Ressaisis-toi, Sayuri. Ce n'est qu'un déjeuner entre camarades de classes, rien de plus ! *

Lorsque tout le monde fut enfin décidé, Mao, satisfait, continua de marcher, les trois étudiantes emboitant ses pas. Après seulement quelques minutes de marches, ils se trouvèrent devant la pizzerria dont il avait parlé lorsqu'il les avaient invitées. L'endroit n'avait pas l'air très chic, mais il semblait plus propre et plus gastronomique qu'un fast-food. C'était ce que le jeune homme aimait: Pas trop riche, pas trop pauvre, mais le juste équilibre entre les deux. Lentement, il ouvrit la porte de l'établissement. L'intérieur était plutôt modeste; sans décorations, les murs étaient sobres et peinturés de couleurs verte foncée. Un peut partout, des tables et des banquettes pour les quelques clients qui étaient déjà présent. Sans attendre les autres, Mao s'assit sur le siege d'une banquette située sur le bord d'une fenêtre et les invita à faire de même. Puis, s'emparant du menu, il regarda les différentes garnitures qu'on pouvait mettre sur une pizza ainsi que les différents parfums de glaces que l'on pouvait prendre comme dessert. Tout cela semblait succulant, et bien vite, la faim commença à le gagner.

-Bon.. je suggère qu'on prenne une grande pizza pour tout le monde, puis on se la partagera. Lorsque la serveuse passera, vous n'aurez qu'à lui dire quelles garnitures vous voulez mettre sur la pâte.

Après avoir dit ces quelques paroles, il regarda plus attentivement Sayuri. Elle n'était pas comme les deux autre. Pour une raison qu'il lui échappa, on aurait qu'il lui manquait quelque chose. On aurait presque pu dire qu'elle n'avait pas l'air... humaine.