La nuit, c'est un bon moment pour manger ... surtout parce qu'on est rarement dérangé par les demeurés qui habitent cette stupide école. Quand je parle de manger, je parle bien sûr d'un régime purement inhumain, composé principalement d'insectes, et encore plus précisément, de cafards. Oui, des cafards. Quelque chose de très dégoûtants aux yeux des humains, mais un pur régal pour Médusa, qui était bel et bien présente dans la forêt. Rien de bien étonnant, la forêt, c'est son territoire. À elle, et à sa reine, le territoire où elles chassent leur repas quotidien le soir. Heureusement, aujourd'hui, Médusa avait envie de manger des insectes.

Bien sur, même pendant la nuit, cette jeune fille était purement reconnaissable. Elle était simplement vêtue de l'uniforme de Mahora, avec sa veste noire par dessus. La différence avec ce qu'elle portait d'habitude était ses longs bas, qu'elle avait retiré, et qui traînaient un peu plus loin. Parce que chasser à quatre patte par terre avec un accessoire qu'elle affectionne particulièrement, c'est pas ce qu'il y a de mieux.

Médusa planta son scalpel dans un gros cafard, puis le releva pour croquer dans le pauvre insecte, et le broya finalement sous ses crocs aiguisés. Après quoi, elle redressa la tête vers le ciel, essuyant d'une main le rebord de sa bouche. Elle poussa un léger soupire, avant de rabaisser la tête vers le sol à nouveau. Le seul de ses deux yeux qui était encore visible suivait avec impatience un pauvre petit insecte qui, vu à quel point Médusa semblait être affamée, ne restera sûrement pas vivant encore longtemps. La créature eu quand même de la chance de trouver un petit trou dans lequel entrer. Médusa poussa un grognement, avant de heurter l'arbre de son poing.

- Mattaku ...

« Salut. »

- Mattaku ..., répéta la gorgone à nouveau, poussant un profond soupire.

La paix, la belle paix qu'elle pouvait admirer jusqu'à maintenant ... Disparut d'un coups. À cause d'une personne qui lui disait « Salut ». Pitoyable. Ça lui en donnait envie de vomir. « Salut », ce mot qu'elle entend si souvent, prononcé par les adolescent qui peuplent cette école de fous. Le garçon manqué se contenta d'attraper par une de ses pattes un autre insecte qui passait par là, et de le gober d'un coups.

- ... Yo., finit-elle par répondre, après un silence d'une durée impossible à déterminer ...

... et l'air que son visage présentait était loin d'être celui de quelqu'un de déterminé.

Pourquoi serait-elle heureuse de lui parler ? Elle le connait pas, et à ses yeux, ce gosse ressemble ... À un gosse justement, quelqu'un sans intérêt, un objet d'une inutilité impressionnante. Même qu'elle ne le voit pas comme le genre d'objet duquel on se sert. Plutôt des ramasses poussières en bois qu'on pose sur le meuble à télé, ou sur la table de chevet d'une chambre où on ne va jamais. Une chambre aussi inutile que celle de Médusa, qui doit servir à personne d'autre Yumiko Takahashi, une des colocataires, en plus d'être l'aînée de Médusa ... Mais c'est pas à cause de cette année en plus qu'elle la vénère.

- Un Dieu ? Ces connards préfèrent rester « immortel » que descendre dans un tel coin.

Une réponse claire, nette et précise, qui en dit pas mal long sur l'identité de Médusa, qui porte une haine hors du commun à tout ce qui concerne les Dieux. Rien de plus étonnant de la part d'une femme qui a été punie pour une raison drôlement ridicule. Ridicule, à ses yeux du moins, c'était sûrement pas ce que pensait celle qui l'a condamné à être mortelle.

M'enfin, elle a beau être mortelle, elle doit beaucoup à celle qui l'a maudite, et qui a en quelque sorte contribué à ce qu'elle descende sur Terre ... Cependant, Médusa s'en fichait, elle refusait catégoriquement d'avouer qu'elle a passé des bons moments à Mahora. Entre les combats sans but, les gens qu'elle a rencontré (disons cela comme ça, je doute qu'on puisse nommer ça des amis.) et ... disons simplement ce qu'elle a vécu, elle devrait plutôt remercier que se plaindre, mais bon ... Médusa remercie pas.

- Si y'a un Dieu en ces lieux, faudrait penser à me le dire, on va voir lequel est le plus ... « immortel »., continua la jeune fille, alors qu'une espèce de flamme s'allumait dans son oeil droit, pour disparaître la seconde d'après.

Médusa se releva, du haut de son mètre 38, plaquant sa main contre le tronc d'un arbre, pour la relever juste après. Elle venait de capturer un espèce de scarabée, qu'elle jeta, encore vivant, dans sa bouche, pour le broyer juste après, et l'avaler d'un coups.

Dis moi...Tu ne serais pas un Dieu par hasard?...

Et le voilà qui se rapproche. Erk. Trop près. On dirait vraiment qu'il tient à se faire détester celui-là ... en plus de ses questions peu subtiles ... Il faut qu'il ose s'approcher près de la jeune fille, qui a déjà horreur que son meilleur ami la touche, alors bon.

- Gh ... Kisama ... Dégage.

La main de Médusa se plaça tout simplement sur le torse du garçon, puis le repoussa, de manière à ce qu'il soit plus loin. Elle n'avait même pas daigné tourner la tête en sa direction, ni même le regarder un instant. Le simple fait de sentir sa présence près d'elle lui avait donné envie de l'éloigner d'elle. Elle n'y peut rien, elle n'aime pas ça qu'on la touche ... Donc l'approcher de plus près, elle se méfie. En plus de cela, tel un animal protégeant son repas, elle l'avait repoussé pour ne pas qu'il touche les insectes qu'elle comptait manger.

- Ça te regarde pas.

Après l'avoir repoussé, Médusa se retourna enfin vers lui. Elle leva un instant les yeux au ciel, poussant un profond soupire suivit par un simple « Chikushou... », sur un ton exaspéré. Après cela, elle croisa les bras, alors que son regard se reposait sur le gamin. « Encore un gamin trop curieux », se disait-elle pour elle-même, prise par une incroyable envie de grimacer, de repousser ce garçon encore plus loin d'elle et continuer son chemin pour ensuite... qui sait... peut-être aller flâner un peu sur les toits de l'école en observant le ciel et en espérant ne pas avoir à croiser une autre merde dans le genre.

- Et même si j'en étais un, Qu'est-ce que ça changerait dans ta vie ?

Un coups de pied en plein ventre, voilà ce qu'il faut pour bien calmer quelqu'un. Mais ne croyez pas qu'elle s'arrête là, non, pas du tout. Elle avait carrément épinglé SanGoto à un arbre, gardant son pied contre le torse du garçon. Malgré sa petite taille, ça ne semblait même pas un problème, et son équilibre semblait parfait : Elle se tenait simplement sur une jambe, les mains dans les poches de sa chemise noire, à regarder SanGoto. Vu l'air colérique affiché sur le visage de la jeune fille, ça pourrait même laisser penser qu'elle avait envie d'appuyer légèrement plus et en finir avec lui.

- Fuck, tu te prends pas pour de la merde hein ?

« Tu » ... « Onore », un des pires pronoms qu'on peut utiliser en parlant avec quelqu'un. Très très vulgaire, il faut l'avouer. Mais bon, Ce gamin l'avait cherché, non ?

- Je suis loin d'être un garçon aussi gentil et faible que toi. Ore-sama a mieux à faire que poser des questions futiles à des parfaits inconnus. Y répondre sans bonne raison serait même totallement inutile.

La jeune fille sembla hésiter un moment. Oui, elle hésitait entre le laisser s'en aller ou carrément lui briser la cage thorasique ... Mais il faut croire qu'elle est de bonne humeur aujourd'hui. Sa force surhumaine sera démontrée à ce garçon un autre jour, même si aux yeux de Médusa, il ne mérite même pas qu'elle lui réponde. Oui, c'est vrai, elle aurait du partir au moment où il est arrivé, ça l'aurait empêcher de perdre son temps à répondre.

- Mais il serait quand même bien dommage que tu crève sans connaître quelqu'un d'aussi important que moi.

Médu-kun retira son pied du torse du garçon, se détournant complètement, puis passa une main dans sa courte chevelure bleue.

- Hopper Médusa-sama. Ore-sama est le roi, ainsi que la personne la plus importante, de cette école.

... Autoproclamée, on s'entend.