Que de la neige et encore. [Libre]

Ce que ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas mit les pieds ici. Cette endroit où les arbres recouvraient la majorité du territoire et où désormais, une douce couverture de neige blanche faisait place sur les chemins et sur les sapins. Quant à la glace, elle aussi était bien présente et faisait trébuché la majeur partie des personnes passant par cette endroit devenu quelque peu dangereux. Malgré tout, il y avait quand même des gens qui venaient ici pour toutes sortes de raisons et ce même l'hiver lorsqu'il fait très froid. Les raisons restent des plus vagues bien entendu. Quelques fois pour réfléchir ou alors tout simplement avoir la paix et s'isoler des autres ainsi que de l'école qui est tout près. La neige continuait de tomber légèrement en cette après-midi de commencement de saison. Elle était assez collante pour en faire un bonhomme de neige, ce qui amusait très rapidement les jeunes enfants.

Tandis que les gens prennaient plaisir à cette température agréable pour certain et détestable pour d'autre, Yumiko marchait d'un pas lent dans l'immense forêt situé tout près de Mahora. Cela faisait environ un an qu'elle n'avait pas remis les pieds dans ce lieu végétal. Elle se rappellait légèrement de ses dernières visites ici mais gardait toujours le souvenir du moment où elle avait rencontré Sakaime, justement à cet endroit et dans ce paysage blanc. Peu importe, la tête baissée, elle marchait droit devant sans avoir un but précis. Elle se retrouvait de nouveau seule pour une autre année dans ce campus. Quelques fois, la jeune adolescente se retournait pour observer les traces de ces pas dans cette neige qui était autrefois si parfaite. La perfection, c'est dégoutant d'après elle. Alors, c'était mieux ainsi.

Yumiko portait en ce jour, des jeans bien simple et un t-shirt par-dessus lequel, elle avait son manteau d'hiver blanc avec autour du coup, un foulard. Ses cheveux noirs détachés, revolaient quant à eux dans le vent qui était assez fort et surtout, froid. Yumi-chan continuait sa marche, quelques mèches revolant dans son visage et ne voyant quasi-rien, elle fonça brusquement sur quelqu'un et tomba par derrière. Elle se frotta les yeux touché par quelques flocons de neige et s'excusa à la fois.

— Ex ... Excusez moi ...

HJ : Désolée, je réponds bien tard...^^""" J'espère que ça te dérange pas si je prends mes deux vieux, sinon tu me dis.

~~~

Kak dela, mon vieux?

Da, da, horosho...

...Horosho.

Sourire de Ramune.

C'était un jeu à eux, ça. Quand l'hiver venait, que la neige tombait sur la terre entière Japon y compris, que le paysage se recouvrait d'une jolie couche blanche et pleine de promesses, ils étaient gagnés par la nostalgie de la Russie. Alors, ils commençaient, par amusement, à se parler avec des mots russes... Comme pour donner un brin d'intimité toute occidentale, avec des "r" qui roulent, à leurs dialogues fraternels... Oh, c'était bien bête, et ils ne disaient que des mots très simples, mais ça leur suffisait. Et puis ils s'essayaient aux mélanges, pour exercer leur langue à passer aussi sec d'un accent à l'autre, puisque le langage étranger semblait être leur rayon. Autant être dignes de leur réputation...

La neige est vraiment belle, cette année, tu ne trouve pas, dis?

Mais tu dis ça chaque année, kationatchek, et la neige est toujours la même pourtant. Quel enfant tu fais... Tu es décidément égal à toi-même.^^

Kationatchek? C'est moi... Que tu appelles ainsi?

Oui, pourquoi? Tu n'aimes pas?

Oh, si, si... Justement... Je suis heureux.

Sourire tout ému et rêveur du petit gros. Ramune ne le remarqua même pas. Mais à son ton de voix il sentait bien l'état dans lequel son ami se trouvait. Il souriait aussi. Ce petit goût de Russie, et la beauté de la neige, tout cela les mettait tous deux d'une égale bonne humeur. Un état supérieur de l'harmonie, en somme, l'harmonie qui avait toujours régné entre eux. Calpis avait fini par s'accroupir dans son gros manteau à hiver, les mains mouflées —oui, mouflées, par gantées—, fouillant un peu dans la couche blanche qui feutrait les pas pour faire, presque machinalement, une boule. Puis il se releva... Voix tendre et affectueuse, qui ne laissait en rien présager le pièce sournois d'enfant que le vieux de quarante-cinq ans préparait.

Dis... Ramune...

Quoi? AH!

Une boule de neige, évidemment. En pleine gueule, qui vient éclater contre le gros pif de Ramune. Ce dernier s'ébroua, cracha de la neige, sous les éclats de rire de son camarade qui se tenait les côtes. Un vrai grand rire avec des grands "HA" qui fusaient et troublaient le calme de la neige, cette fois, plus ce rire discret de petite fille... Ramune feignit alors un mépris affligé, en se détournant dans un soupir.

Ha, ha, MAGNIFIQUE. Très spirituel, idiot. Je pensais pas que tu pouvais être gamin à ce point-là, vraiment...

Et la grande asperge de partir devant, pour aller s'asseoir dans la neige un peu à l'écart, en position de fausse méditation. Calpis, lui, maintenant qu'il avait été cruellement rejeté, n'en menait pas large, et il courait après le Ramune qui s'était déjà arrêté plus loin, avec des gestes désespérés, paniquant de suite.

Ah! H-Hey... Ramune! Attends, te fâche pas... Fais pas la gueule... C'était pour rire!

VENGEANCE!

Un nouveau cri lancé dans le silence blanc, par un Ramune qui venait de retrouver subitement le sourire, et qui se vengeait effectivement en renvoyant une boule de neige cette fois préparée par lui-même dans la figure joufflue de Calpis. Calpis s'ébroua, cracha de la neige, mais il rigolait, et son ami rigolait aussi, à présent, s'était levé pour fuir une éventuelle riposte à la riposte.

HA! Mierzavets! Tu vas voir un peu!

La guerre innocente des hivers avait commencé. Deux grands enfants de quarante-cinq ans se lançaient des boules de neige en rigolant... Et ça courait, et ça éparpillait la neige, ça glissait, ça tombait, kak dela? ...Et ça repartait... Plus innocents que la plupart des collégiens ici... Encore capables de jouer avec de la neige sans aucun but de se faire mal, bien sûr... Ils s'aimaient, comment même considérer l'idée de blesser l'autre? Cependant, le corps massif du petit gros se heurta soudain à un autre corps, frêle, qui était loin d'être aussi grand que celui de Ramune. Non, ce n'était pas Ramune, c'était une jeune fille. Une jeune fille aux cheveux d'ébène qui allaient bien avec la neige.

—Ex... Excusez-moi...

Eh? Ah... N... Non non, c'est moi! Je ne faisais pas attention, désolé... Ça va, mademoiselle? (Et on tend la main pour aider à se relever, tout de même, c'est la moindre des choses, tandis que, dans le même moment, Ramune approchait derrière.)

HJ : Tu réponds pas tard, t'inquiète. Je fais pire ... xD Eh pis, j'adore ces deux persos. <3

Eh? Ah... N... Non non, c'est moi! Je ne faisais pas attention, désolé... Ça va, mademoiselle?

Toujours en train de se frotter les yeux, la jeune adolescente entendu une voix qu'elle semblait connaître. Elle ne pu s'empêcher d'ouvrir l'un de ses yeux pour observer l'être qui se tenait devant elle. Eh oui. Elle se souvenait vaguement de cet homme qu'elle avait rencontré auparavant au Beach Party de Mahora. En fait, ce n'était pas elle qui y avait été mais bien son double, Miko. Donc en résumé, il ne devrait, quant à lui, ne pas la reconnaître. Bien alors. Elle n'avait pas à s'inquièter pour cela du moins. Elle le fixa un instant tout en ne disant rien jusqu'à ce qu'elle remarque qu'il lui tendait la main. Elle répondit à cette "appel" et celui-ci l'aida à se relever.
— Merci ... laissa-t-elle entendre d'une douce voix, aussi douce que la neige ornant le sol.
Puis ensuite, d'un coup rapide mais précis, elle ballaya la neige qu'il y avait désormais sur son pantalon grâce à ses petites mains. Yumiko pencha la tête légèrement sur le côté de façon à pouvoir apercevoir l'inséparable de Calpis. Bien sûr, on parle de Ramune. Ces hommes, malgré n'étant plus des enfants, avaient réellement l'air de bien s'amuser dans cette environnement glacé. Étais-ce eux qu'elle entendait hurlé de joie comme des jeunes s'amusant dans la neige tout à l'heure? Elle confirma tout de suite cela à la vue de ces deux qui semblait s'être prit des balles de neige à plusieurs reprises à la figure.

— Eh ... Hai. Je vais bien. Demo, vous, ça va?

Yumi-chan regardait présentemment Calpis. La neige continuait à tomber et les centimètres s'accumulaient. On pouvait presque comparé ça à une grande tempête de neige. Pourtant, les flocons tombaient lentement sur le sol. Cependant, cela faisait déjà plusieurs heures, presque une journée, qu'elle avait commencé. La jeune fille tomba dans la lune lorsqu'un flocon passa devant ses yeux. Elle attendait une réponse. Elle attendait un geste. Elle était perdue dans ces quelques pensées. Elle se souvenait de plus en plus de ses deux personnes. Ces souvenirs revenaient lentement. C'était deux inséparables qui, malgré qu'il se taquinait la majorité du temps et n'arrivait pas à s'entendre sur plusieurs sujets, s'aimaient énormément et ne pourraient sans doute pas se quitter. Ils avaient tout vécu ensemble, non? Sûrement. Ça semblait ainsi. Quant à Yumi, elle et son double, s'était la guerre. Au moins, cela faisait plusieurs jours que Miko ne l'avait pas dérangé pour des imbécilités. Elle gagnait des points pour ça.

— Ano ... Qui êtes-vous ... dites. avait-elle dit même si elle les connaissait déjà bien. Toujours à cause de sa gêne, elle oublia de se présenter en premier. Ça l'arrive.

Frileuse, elle eut un frisson parcourant son corps lorsqu'un énorme souffle du vent passa tout près d'elle. Génial. Elle n'aimait vraiment pas l'hiver. Elle éternua un coup et s'en excusa. Ses joues étaient devenus rouges avec le temps car le froid l'avait envahit d'un coup. Elle ne pensait réellement pas tomber sur des gens en ce temps. Pourtant, maintenant, voir Ramune et Calpis être ici durant un temps pareil ne semblait pas non plus la surprendre. Par un geste non pensée, elle mit sa main à l'avant comme pour attrapé l'un des gros flocons tombant du ciel nuageux.

— Les flocons qui tombent du ciel, c'est jolie, n'est-ce pas? Pourtant, je hais cette neige trop parfaite. Vous en pensez quoi, vous? fit-elle comme remarque inutile, toujours perdue dans ses rêveries et écrasant le flocon qu'elle avait attrapé quelque minute plus tôt dans sa main présentement fermée.

Ça va, ça va bien... Moi, je suis Calpis Debouko, prof de français...^^

Et moi Ramune-sensei, j'enseigne l'anglais... Mais dis donc... On n'est pas déjà vus quelque part?

Eh oui. Même ce malgré le fait que la saison était totalement opposée, que Yumiko avait sa taille "normale", et que ses yeux étaient d'une toute autre couleur, Ramune n'oublait jamais les enfants pour qui il avait un coup de foudre. —C'est-à-dire tous, en passant.— Et non, par conséquent, il n'avait pas oublié Miko, qu'ils avaient rencontrés dans les quelques mois plus tôt sur une plage, et même dans l'air pourtant différent de Yumiko, il reconnaissait au moins un minimum la petite fille. Calpis, lui, ne se doutait bien entendu de rien.

Bah, on a probablement dû se croiser dans les couloirs à un moment ou à un autre...

Ça, par exemple, je jurerais que...

Enfin. Oui, enfin, car Calpis et Ramune se durent d'interrompre cette réflexion, puisque Miko leur posait à présent une question :

Les flocons qui tombent du ciel, c'est jolie, n'est-ce pas? Pourtant, je hais cette neige trop parfaite. Vous en pensez quoi, vous?

Eh...? Ah, moi...

Calpis, souriant, leva les yeux vers les flocons de neige qui tombaient du ciel devenu blanc, en souriant. On voyait les cimes nues des arbres... Lui, regardait tout ça avec ses yeux d'enfants, ses yeux qui n'avaient jamais grandi —on parle là physiquement et moralement. De son côté, Ramune, bien que souriant lui aussi, avait un côté plus méditatif, posé, et tentait de poser sur ce paysage enneigé un regard de poète. On le saura, ces deux-là aimaient la neige, du moins cette neige-là qui ne blessait pas. Car la neige, mine de rien, était aussi liée à des souvenirs douloureux de leur vie...

Moi, j'aime bien!^^ C'est drôle!

Oui, et puis la neige comme ça a vraiment une certaine grâce... C'est si doux et paisible... Ça tombe comme ça sans même qu'on la sente... Rien à voir avec une tempête de neige, pas vrai, Boke?

Ça non! Dans une tempête, la neige est grise... Celle-la est blanche, c'est tellement plus beau.

Ça va, ça va bien... Moi, je suis Calpis Debouko, prof de français...^^

Et moi Ramune-sensei, j'enseigne l'anglais... Mais dis donc... On n'est pas déjà vus quelque part?

Alors, ils étaient des professeurs à l'école Mahora apparemment. Même depuis le jour où elle les avait rencontré, elle n'avait jamais su qu'ils travaillaient dans cette établissement. Et pourtant, elle y était depuis déjà longtemps. Étrange tout de même. Elle ne devait sans doute pas sortir assez souvent pour connaître les gens de ce bâtiment de toute façon. Ce qui rendait cette chose alors tout à fait normal. Peu importe. Elle se retrouva alors coincée. Pourquoi coincée? Car elle n'aurait jamais cru que l'un deux allait pensé l'avoir déjà vu quelque part. Ce qui était tout à fait vrai, en passant. Elle réfléchis un instant se souvenant que c'était bien Ramune qui s'était approché de la jeune Miko au Beach Party trouvant cette fille bien interessante à cause de son physique peu commun, plus précisément, ces yeux rouges ainsi que ces longs cheveux noirs. Quoique, un peu normal de la reconnaître sachant qu'elle a tout à fait les mêmes traits que la jeune gamine et que ces cheveux sont identiques. Seul les proportions ont changés ainsi que la couleur de ses yeux présentement d'un noir bien profond.

— C'est possible que l'on se soit déjà vus quelque part ... Évidemment, l'école Mahora est grande. Eh ... Moi, c'est Yumiko. Yumiko Takahashi.

Les deux vieux continuèrent à discuter ensemble disant jurer de l'avoir déjà bel et bien vu et pas seulement une petite croisade dans les couloirs du campus. Tandis que Ramune était presque troublé à la recherche d'une peut-être rencontre auparavant, Calpis ne se souvenait apparemment de rien. En changement de sujet, Yumiko posa une question qui semblait complètement idiote, sans utilité. Seulement pour partir sur un nouveau thème. Cette jolie neige recouvrant le sol et lui donnant un air de perfection ainsi que de luminausité causé par tous les brillants reflètant. Calpis et Ramune répondirent finalement à cette interrogation plus ou moins importante.

Moi, j'aime bien!^^ C'est drôle!

Oui, et puis la neige comme ça a vraiment une certaine grâce... C'est si doux et paisible... Ça tombe comme ça sans même qu'on la sente... Rien à voir avec une tempête de neige, pas vrai, Boke?

Ça non! Dans une tempête, la neige est grise... Celle-la est blanche, c'est tellement plus beau.

Ils avaient l'air de vrais enfants tout content face à cette jolie tracée blanche laissée sur la terre. Calpis, surtout, car il trouvait la neige drôle, amusante. Quant à Ramune, il avait mit sa pensée d'une façon beaucoup plus poétique et douce. Un moyen de montrer un côté plus tendre et chaleureux de ce paysage blanc et de le faire aimer. La jeune fille réfléchit un instant, pensant aux différences d'une tempête et de ce qui était sous ses yeux présentement.

— La neige blanche comme celle-là, c'est vrai que c'est beaucoup plus beau qu'une tempête. Pourtant, même si dans une tempête, la neige est grise, elle reste aussi parfaite lorsqu'elle atteint le sol et ça devient déplaisant quelque chose qui est parfait, sans défault. avait-elle répliqué comme argument même s'il n'y avait aucun débat. Elle s'abaissa vers le sol tout en faisant attention de ne pas tomber les genoux dans la neige. Avec l'une de ses mains, elle la passa pour s'emparé d'une petite quantité de neige puis se releva. Sa peau devenait de nouveau gelé, la pauvre qui n'avait pas de gant ni de mitaine, et elle reversa lentement la neige encore pour que celle-ci retombe vers le bas.
— Et c'est surtout gelé. Froid. Brrrr ...

HJ : Gomen, je comptais répondre ce matin et force de choses je répond encore pas bien tôt...^^"

~~~

Rire éclatant de Ramune, le grand MHAHAHA qu'on commençait à lui connaître. Celui-là, il riait comme il gueulait, ça partait de la gorge et ça remontait en aboiements énergiques. Même quand il essayait d'y aller doucement, ça claquait tout de même...

Eh oui, c'est comme ça... Comme le soleil tape dur en été, comme la pluie vous trempe le poil en automne, la neige d'hiver est réellement froide...

Dis, c'est dangereux de la prendre dans tes mains sans gants! Tu vas avoir mal aux doigts... Si tu veux, on peut bien te prêter les nôtres...

D'un commun accord, confirmé par un échange de regard, Calpis retira le gant —ou la moufle, on n'a pas décidé— qu'il portait à la main droite pour le tendre à Yumiko, tandis que Ramune faisait de même avec le gauche. Sourires presque naïfs des deux grands cons serviables qu'ils étaient.

Allez, mets vite ça, tu auras moins froid aux mains.

Ça risque d'être un peu grand, c'est sûr, mais... C'est déjà ça, pas vrai?

Deux grands cons serviables, mais adorablement attachants quand même. Une bonne grosse gentillesse presque maladroite, plus marquée encore chez Calpis, mais que le petit gros savait bien faire monter en Ramune quand le besoin s'en faisait sentir. Enfin on se remit à réfléchir à ce que Yumiko disait sur la perfection de la neige. Ah bon? C'était parfait la neige qui se déposait sur le sol? Pourtant, dans le chaos des tempêtes du Mont Moon, rien ne semblait parfait, au contraire même. Mais pourquoi exactement? Parce qu'il régnait le doute et la mort, le perpétuel mouvement parce que si on s'arrête et qu'on s'endort on meurt, le mouvement des flocons, des rochers et des avalanches, le mouvement pour le mouvement, difficile mais présent quand même, la marche dans la neige, oui, la marche et les traces de pas dans la neige, peut-être bien... Ramune finit par le sortir lui-même, même si cette réflexion avait bien probablement été commune et bien partagée entre les deux âmes soeurs...

Enfin, pour en revenir à ce que tu disais... La neige, si tant est qu'un homme s'y trouve, ne peut pas rester parfaite bien longtemps... Les traces humaines y mettent du désordre, et il est clair pourtant que dans la neige on marche... On se baisse et on en ramasse par terre comme tu l'as fait...

On fait des anges...

...On fait des anges...?

Ben oui! (Sourire d'enfant.) Tu sais, quand on se laisse tomber dans la neige et qu'on fait le papillon avec les bras... Et quand c'est toi et moi qui le faisons ensemble c'est encore plus drôle parce que ça fait un grand ange et un petit ange...

Ah... Ça! (Sourire d'adulte attendri.) Oui, bien sûr, ça aussi, on fait des anges aussi.

HJ : T'inquiète, vraiment. Pas besoin de t'excuser. J'réponds beaucoup plus tard que toi en plus. D:

— Allez, mets vite ça, tu auras moins froid aux mains.

— Ça risque d'être un peu grand, c'est sûr, mais... C'est déjà ça, pas vrai?

Yumiko remarqua alors que Ramune et Calpis lui tendait un gant chacun après l'avoir vu ramasser la neige froide sur le sol gelé. Elle accepta évidemment ce geste remplis d'une grande gentillesse. Le coeur de ces adultes étaient sûrement très pur. Comme celui d'un enfant. Plutôt naïf et tendre, toujours prêt à rendre service aux gens en difficulté. Elle leur rendit un sourire démontrant une certaine gêne mais à la fois heureuse, puis prit les gants pour finalement les enfiler.
— Moui, c'est sûr. Même si c'est un peu grand, pas grave. Merci beaucoup à vous nee ... !

La jeune fille ressentait son coeur se réchauffée. Elle était heureuse qu'on lui porte une telle attention, ce qu'elle n'avait jamais eu avec ses parents biologiques. En fait, elle n'avait jamais réellement connu son père et quant à sa mère, celle-ci la battait la majorité de sa jeunesse. Jusqu'à ce qu'elle meurt dans un tragique meurtre. C'est aussi à ce moment-là que le cerveau de sa fille avait commencé à déraillé et où une petite voix était apparu en Yumiko. Cette petite voix qui avait de plus en plus évoluée pour devenir son double mais dans une version bien plus froide que la véritable jeune fille et où ses yeux prenaient une teinte de rouge sang très vif. Depuis, Miko hantait la jeune Yumi. Elle avait su faire avec et contrôlait davantage ses pertes de conscience où Miko entrait en scène. Cependant, elle espèrait toujours qu'un jour, elles puissent s'entendre et vivre ensemble, sans peur.

— Vous êtes vraiment des adultes gentils vous nee ... dit-elle pencha légèrement la tête vers le sol d'une manière pensive.

Un peu plus tard, les deux vieux répondirent à la réplique de Yumiko à propos de cette saison blanche.
— Enfin, pour en revenir à ce que tu disais... La neige, si tant est qu'un homme s'y trouve, ne peut pas rester parfaite bien longtemps... Les traces humaines y mettent du désordre, et il est clair pourtant que dans la neige on marche... On se baisse et on en ramasse par terre comme tu l'as fait...

— Bien sûr qu'elle ne peut pas être parfaite avec tous ces humains qui la piétinent. Et c'est bien ainsi car ce qui est trop parfait devient très souvent lassant. Mais regardez, par exemple, dans cette forêt, vous voyez là-bas — avait-elle mentionné en pointant du doigt — Eh bah, c'est tout blanc et il n'y a aucune trace ni rien, c'tout lisse ! Bah ... Ça va sûrement resté ainsi car il y a très peu de passant dans la forêt.

Puis les deux vieux continuère la discution parlant des anges qu'ils faisaient dans la neige. Une chose magnifique à faire lorsque l'on est jeune et qu'il y a de la neige, en fait. Les anges restent sur le sol jusqu'à ce que d'autres flocons viennent recouvrir les trous, mais jusqu'à ce que cela arrive, les passants peuvent admirer ces merveilleux anges qui signifient tant de chose, comme la paix.

— On fait des anges...

— ...On fait des anges...?

— Ben oui! (Sourire d'enfant.) Tu sais, quand on se laisse tomber dans la neige et qu'on fait le papillon avec les bras... Et quand c'est toi et moi qui le faisons ensemble c'est encore plus drôle parce que ça fait un grand ange et un petit ange...

— Ah... Ça! (Sourire d'adulte attendri.) Oui, bien sûr, ça aussi, on fait des anges aussi.

— Ah oui, des anges ... C'est amusant à faire ça en hiver et tellement beau ... !

Yumiko remarquait que Calpis faisait beaucoup plus gamin que Ramune. Ramune pouvait être comparé à l'adulte quant à Calpis, l'enfant. C'était mignon comme relation. Deux meilleurs amis, comme ceux-là, c'est merveilleux, n'est-ce pas? Elle les regardait un peu ému fasse à tous ces sentiments qu'ils dégageaient l'un envers l'autre. Elle se laissa délicatement tombé sur le dos dans la neige, à un endroit où tout était parfait. Elle fit le papillon de manière à créé un ange lorsqu'elle se releva. Ce serait comme un souvenir. Lorsqu'elle verrait quelque chose ressemblant à un ange, elle penserait à cette journée où elle rencontrait ces deux nouvelles personnes si sympathiques.

Oooh...

Comme il est beau, cet ange!

Voilà à présent que les deux vieux s'extasiaient sur le petit ange tout frais que Yumiko venait de faire dans la neige. C'était un ange bien à la taille de la jeune fille, et ça avait dû bien lui faire froid dans le dos en le faisant, et en se relevant elle devait probablement se retrouver avec des petit cristaux de glace accrochés à ses cheveux, qui fondraient, et il faudrait attendre un instant avant que la jolie masse noire et légère sèche à nouveau... Mais bon sang, ce qu'il était joli. Mine de rien, on oublie en attendant l'hiver à quel point les anges sont beaux. Et Calpis s'extasiait comme une petite fille, sur le petit chef-d'oeuvre que Yumiko-chan venait de laisser dans la neige autrefois parfaite.

C'est un tout petit, petit ange...

Un enfant-ange, alors.

C'est ça! Comme il est petit, c'est trop mignon!

À vrai dire, Boke, c'est plutôt une taille normale pour un ange, les nôtres sont grands parce qu'on a une drôle de gueule, et sans doute aussi parce que c'est plus de notre âge...

Ah, c'est vrai... Prastiti, Enkouchka...^^"

Meuhnon, voyons, kationatchek, pas de quoi t'embarrasser tout de même.

Et Ramune de caresser de sa main encore gantée la tête chauve de Calpis, et Calpis, habitué, de se laisser faire en souriant. Oui, mon petit gosse, mon petit frère, t'as peut-être dit une bêtise et je le rappelle pour faire bonne figure, parce que je suis comme ça, mais c'est pas une raison pour dire "pardon". Oui, car, semble-t-il, l'air embarrassé de Calpis et les quelques mots en Russe semblaient s'apparenter à des excuses. Mais le petit mot gentil qui semblait tant toucher le petit gros, kationatchek, c'était comme ça qu'on l'appelait, Ramune l'avait ressorti comme pour le rassurer, lui faire comprendre que ce n'était pas grave, et quel contraste entre un mot comme celui-là et le "boke" employé un instant plus tôt... Je t'aime/Je t'aime mais je te trouve bête. Avec Ramune, c'était un peu plus compliqué qu'un "je t'aime/je t'aime pas" classique. Et puis c'était peut-être aussi ce côté simplet de Calpis qui suscitait tant d'affection de la part de la grande asperge... "Il est idiot alors il a besoin que je sois là." Simple rappel...

Enfin, pour ce qui nous intéresse, cet ange-là est sans doute l'un des plus beaux que j'aie jamais vus, tu vois, et il est d'une taille parfaite, aussi. Cet enfant-ange... C'est sûr que c'est bien plus beau comme ça quand on y pense.

L'ange que venait de faire la jeune fille dans cette neige glacée qui leur faisait tout de même chaud au coeur semblait être un chef d'oeuvre pour les deux vieux. Yumi-chan les regardait d'un expression un peu perdu ne comprennant pas tout à fait ce qu'il y avait de si magnifique dans cette simple création enfantine. Tout le monde pouvait faire des anges et il y en avait sûrement des biens plus beau que le sien. Lorsqu'elle s'était relevée, sa chevelure qui avait trempé dans la neige mouillé était devenu comme cette dernière et quelques flocons y étaient même restés accrochés sans avoir fondu. Yumiko passa alors l'une de ses mains et glissa cette dernière le long de ses cheveux pour les retirer.

C'est un tout petit, petit ange...

Un enfant-ange, alors.

C'est ça! Comme il est petit, c'est trop mignon!

À vrai dire, Boke, c'est plutôt une taille normale pour un ange, les nôtres sont grands parce qu'on a une drôle de gueule, et sans doute aussi parce que c'est plus de notre âge...

Ah, c'est vrai... Prastiti, Enkouchka...^^"

Meuhnon, voyons, kationatchek, pas de quoi t'embarrasser tout de même.

La jeune fille regardait Calpis et Ramune en ne disant rien, elle ne faisait qu'écouter. Elle détourna quelques secondes sa tête pour admirer l'ange qui commençait à se recouvrir à nouveau de neige et redevenir parfaitement blanc et lisse. Cependant, malgré la couche fine qui venait de s'installer, on pouvait toujours retracé sans trop de difficulté sa création, son chef-d'oeuvre.

Quelques mots d'une langue qui était étrangère pour Yumiko venait d'être dit sans qu'elle ne puisse comprendre. Par contre, grâce au ton de leur voix, elle pouvait facilement déscellé un sentiment de complicité et de compréhension entre les deux amis. C'était touchant de voir comment deux personnes qui paraissaient être bien différentes pouvaient en fait être inséparables.

Ramune posa sa main doucement sur la tête de Calpis comme un signe attendrissant. Yumiko admirait cette scène sans poser ne serait-ce un seul geste. La jeune fille les regardait les yeux plein d'étoiles, plein d'admiration. Elle se sentait habituellement si seule, mais étrangement à la vue de cette complicité plutôt étrange, elle savait tout de même qu'elle pourrait trouvé une personne qui l'a comprendrait peut-être un jour et avec qui elle pourra tout partager, qui sait?

Enfin, pour ce qui nous intéresse, cet ange-là est sans doute l'un des plus beaux que j'aie jamais vus, tu vois, et il est d'une taille parfaite, aussi. Cet enfant-ange... C'est sûr que c'est bien plus beau comme ça quand on y pense.

Yumi se mit immédiatement à rougir. Qu'on l'a complimente ainsi la mettait un peu mal à l'aise ... enfin, que l'on complimente son ange ainsi, plutôt. Elle n'était pas habituée de recevoir des paroles gentilles venant des autres par rapport à ce qu'elle faisait et à ce moment-là, ça l'a touchait droit au coeur. En temps normal, elle s'aurait mise à pleurer bêtement, trop sensible qu'elle est, mais à cet instant, c'était bien plus fort. Elle s'avança vers les deux compagnons et d'un geste rapide les prit tous les deux dans ses bras. Câlin collectif, dira-t-on. Elle était heureuse désormais. Malgré la neige si froide qui venait boulverser la forêt en l'envahissant de ses flocons blancs, le coeur de Yumiko, quant à lui, était bien au chaud.

— M-merci de trouver que mon ange est l'un des plus beau ... Ça me fait vraiment plaisir que vous me dites ça ...

Sa voix tremblante ne faisait que prouvé à tel point qu'elle était émue. Après une bonne minute, elle délaissa l'emprise et recula un peu. Calpis et Ramune, à ce moment-là, était comme la famille qu'elle n'avait jamais eut. Sa mère bien trop violente avec elle n'avait jamais tenté de la comprendre ni de lui dire qu'elle l'aimait ou alors que ce que faisait Yumiko était bien ou beau. Puis, du côté de son père, elle ne l'avait tout simplement jamais connu. Repensant à tout cela, quelques larmes commencèrent à coulé sur les joues de la jeune fille, partant de ses jolies yeux et descendant rapidement pour tomber dans le grand drap blanc couvrant le sol. À première vue, on aurait cru que ce n'était que les gouttes d'eau - qui était en fait de la neige fondue - coulant de sa chevelure et glissant sur son magnifique visage. Malheureusement, ce n'était pas ça, mais bien des larmes ... des larmes de joie, évidemment.

— D-désolé ... M-mais ... C-c'est si rare ... qu'on compliment ... ce que je fais ... dit-elle en fourrant ses mains camouflés grâce aux mitaines gentilment prêtés des deux vieux sur son triste visage dans le seul but de cacher celui-ci.

Eh...?

Réaction double de la part des deux vieux en question. Qu'est-ce qui se passait, tout d'un coup? On leur faisait un gros chagrin, là? Un coup de blues, peut-être? Il fallait dire que d'après les propres dires de cette petite, elle n'avait sûrement pas eu la vie facile, et que l'émotion qu'elle éprouvait devait être due, en un sens, à une certaine forme de soulagement... D'abord elle avait rougi, et puis elle était venue serrer les deux compères dans ses bras —un obèse et un gars de deux mètres de long, il faut les ouvrir grands, les bras, dans une situation pareille—... Et voilà à présent qu'elle les remerciait, qu'elle pleurait, qu'elle s'excusait même de pleurer. Comment lui en vouloir pour une telle chose? Enfin, cela ne voulait pas dire qu'on allait la laisser pleurer comme ça non plus. Ramune le premier fit un pas en avant, l'air confus.

Oh... Oh non, voyons... 'Faut pas pleurer comme ça...

Ça va aller, va... Tu n'as pas à t'en faire pour ce genre de choses... Et surtout pas à t'excuser...

Pleurer, ça les connaissait, aux deux vieux. Calpis pleurait assez facilement pour tout et n'importe quoi, parfois même pour les pires broutilles —"Boke!"—, mais même Ramune lui-même y était parfois allé de sa crise de larmes, autrefois, lorsqu'au cours de leurs nombreuses aventures il avait cru son camarade mort... C'était d'ailleurs assez comique, de voir pleurer Ramune toutes les larmes de son corps, jusqu'à quasiment en perdre toute dignité, pour finalement, la seconde d'après, donner des coups de pieds à Calpis dans son dos ou dans son gros cul : "Boke! T'es même pas mort! Faut-il être stupide pour me faire des peurs pareilles!"... En tout cas, une chose était sûre, quand Calpis et Ramune s'étaient senti le besoin de pleurer, jamais ils ne l'avaient vraiment retenu. Alors, en quoi était-il besoin de dire "Désolée", quand on n'y pouvait rien et qu'on ne faisait que se soulager un peu de ce qu'on avait sur le coeur? Avec un sourire, Ramune s'agenouilla devant la jeune fille, pour se retrouver déjà à une taille un peu plus correcte par rapport à elle —oui, il est VRAIMENT grand, le bougre—, et la prit doucement par les épaules en la considérant avec une expression rassurante. "Maman Ramune", une attitude qu'il ne prenait généralement qu'avec Calpis, mais c'était surtout parce qu'en général, il n'y avait qu'avec Calpis qu'il avait l'occasion de se comporter ainsi. Ça ne voulait pas dire que le petit gros était la seule personne sur terre qui avait parfois besoin d'un peu d'amour, et la pauvre Yumiko en était la preuve, à présent! Calpis lui aussi souriait dans le dos de son ami, et de sa main encore gantée, comme l'avait fait Ramune tout à l'heure, il caressa doucement la tête de la jeune fille, en se rapprochant lui aussi un peu d'elle.

Ramune, cependant, se souvenait alors qu'une fois, il y a environ une vingtaine d'années de tout cela, il avait déjà vu, de la même manière, une personne pleurer de joie dans la neige. Lorsque Calpis et lui s'étaient rendu compte qu'ils étaient ressortis vivants tous les deux de l'expédition du Mont Moon, l'un riait, l'autre pleurait. Et Ramune de répéter : "Arrête de pleurer, Boke, rigole, on est heureux, pas vrai? Alors rigole!". Un moment de grand bonheur ou le rire et les larmes se confondaient et où on ne savait plus quoi sortir. C'était peut-être ce qui se passait dans la tête de la jeune Yumiko en ce moment. En tout cas le poteau électrique vivant ne pouvait s'empêcher de se rappeler ce moment, à présent qu'il voyait toutes ces larmes dans les yeux de la demoiselle. Il le lui dit, d'ailleurs.

Calpis est comme toi, tu sais. Il pleure quand il est heureux après avoir été malheureux un long moment.

Ça résumait à peu près tout. Parce qu'on le ressentait bien, de la part de cette jeune fille, qu'elle n'avait pas eu une vie très rose tout le temps. Sinon elle ne pleurerait pas comme elle pleurait à présent. À leur tour, les deux vieux, dans un même mouvement, rendirent son étreinte à Yumiko et la serrèrent contre eux, contre leurs gros manteaux qui sentaient la Russie, avec cette drôle de sensation de chaud et de mouillé en même temps. Un peu de neige qui restait dessus... C'était l'hiver, il fallait se couvrir...

Mais ça va mieux, maintenant, pas vrai...? Alors, il ne faut plus pleurer...

Plusieurs larmes de joie coulaient les unes après les autres tout le long de son visage. Elle ne s'était jamais autant sentit appréciée et pourtant, Calpis et Ramune n'avait rien fait d'aussi énorme. Malgré tout, elle n'arrivait pas à s'arrêter. C'était une sorte de moment où elle pouvait se sentir libre. Oui, c'était bel et bien la liberté qu'elle ressentait désormais. Auparavant, la conscience de la jeune fille était constamment persécuté par ses gestes du passé ainsi que des paroles quelque peu méchante que Miko lui criait dans sa propre tête. Étrange de le dire de cette manière, mais cette double-personnalité ne pouvait s'empêcher d'insulté la pauvre Yumi si facile à faire craquer. En effet, Yumi était l'inverse de Miko et alors, réservée et timide, il était très simple de l'anéantir avec les bons mots. Quant à Miko, elle restait impassible et se fichait bien de tout ce qui l'entourait. Ce n'était pas sa faute si elle avait été enfermée dans le corps de cette jeune fille après tout. Maintenant, elle devait vivre avec et donc, ne s'empêchait certainement pas de faire de la vie de Yumi un terrible enfer. C'était une quelconque revenge pour sa précédente mort. Avoir été enterrée vivante ne l'avait pas vraiment plu et désormais, elle en voulait à l'univers entier.

Malgré tout ses défaults qu'elles trouvaient l'une chez l'autre, au fond d'elle-même, si l'une venait à disparaître, ce ne serait plus pareil et elle s'en ennuirait, ça oui! Les imbécibilités de Miko et les pleures de Yumi. Ensemble, elles étaient « Yumiko Takahashi » au final et devait le rester pour le meilleur et pour le pire. Elles s'aimaient sans se le dire, comme un secret qui ne fallait révéler à personne, encore moins à celle concernée sinon ce serait la fin du monde. Elles s'adoraient aussi, semblable à l'amour que partageait Calpis et Ramune ensemble après tout. Cette large réflexion commençait lentement à faire changer d'avis qui était autrefois inchangeable de Yumiko sur le cas de son double. — Parce qu'à la base, elle espèrait toujours s'en débarasser croyant qu'elle mènerait par la suite une vie beaucoup plus joyeuse. — Mais la situation présente avait réussit à faire plus ou moins changer la perception de Yumiko face à tout ça.

— M-mais ... c'est dur ... de ne pas pleurer ... Et je me sens ... idiote ... Pourquoi je pleure comme ça ... alors que je me sens ... heureuse ... ?

Le grand asperge s'était à présent agenouillé devant la pauvre fille qui avait l'air détruite en ce moment. Elle avait de la difficulté à respirer et tentait sans cesse de reprendre son souffle après chaques mots qu'elle prononçait. Ramune — qui était réellement très grand — avait posé ses mains gantés délicatement sur les épaules fragiles de la lycéenne. Elle ne disait plus un mot et continuait à verser des larmes dans ses mouffles. Cependant, après une quinzaine de secondes, elle retira ses mains de devant son visage, les posant auprès de sa poitrine, puis observa d'un regard peiné mais à la fois remplit de bonheur le vieil homme à ses côtés.

"Yumi ... Si ce ne serait pas de ce corps qui est aussi le mien, tu serais déjà morte." "... Ah." Maintenant, elle avait envie de réellement tracé une barre sur son passé et de tourner une nouvelle page : un nouveau départ. Seulement grâce aux paroles et aux gestes des deux inconnus, elle avait comprit que vivre ainsi, ce n'était qu'impossible. Ce n'était pas vraiment vivre en fait. On faisait du surplace, quoi. Fallait que ça change et Yumi comptait bien tout essayer pour. D'abord, elle devait accepté le fait que Miko était sa deuxième partie, sa presque soeur et qu'elle devait lui fournir l'amour qu'elle lui rendrait peut-être un jour.

Calpis, à son tour, fit quelques pas vers la jeune fille pour finalement lui tapoter gentilment la tête comme s'il tentait de la rassurer. Le vieux lui caressa doucement le dessus des cheveux. Les mots doux et les tendres gestes ravissaient Yumiko. Elle se sentait largement appréciée pour une fois dans sa vie, car habituellement sa mère ne faisait que la maltraité — avant que la jeune fille décide de mettre un terme à cette existence inutile. — "Tu es pitoyable, et dire que tu es ma fille !" puis sa mère la frappait, la battait sans arrêt. "Arrête maman! Qu'est-ce que j'ai fait cette fois-ci?" Et elle l'accusait de toute sorte de raison bien entendu, ridicule et invraissemblable sachant que Yumi-chan était une enfant bien sage.

— Calpis est comme moi? Alors, je me sens moins seule de pleurer pour rien ...

Suivant ces paroles qui avaient été dites sur un ton plutôt enfantin, les deux compagnons lui rendirent son étreinte de tout à l'heure. Yumi-chan avait peu à peu cessé de pleurer et tout petit sourire apparut lentement sur son visage mouillé. Ils l'avaient serré contre eux. Les manteaux des trois amis étaient complètement trempés à cause de la neige fondue, mais la sensation était — quant à elle — tout de même assez chaude. Son manteau blanc comme la neige s'était légèrement froissé au contact de celui des deux autres. Ce sentiment, cette odeur, — tout ce qui lui faisait chaud au coeur, au final — la rendait éperdument heureuse.

— Oui, ça va mieux ... Grâce à vous deux. Je me sens beaucoup moins seule à présent ...

Ses grands yeux noirs se fermèrent doucement. Elle savourait cet instant des plus magique. Un moment sans chamaillement où Miko ne faisait pas surface, mais observait de haut ce qu'il se passait tout en restant à l'intérieur de Yumi-chan. Elle n'avait pas eut envie d'intervenir, de briser ce moment, car au fond ça la touchait autant que la jeune lycéenne. Restant maintenant immobile, elle resta de nombreuses minutes dans les bras de ses deux personnes si attendrissantes.

— Vous feriez des parents géniaux, vous savez? dit-elle d'une voix douce et d'un ton un peu moqueur.

H... Hein?

Sur le coup, Ramune sursauta légèrement et desserra un peu son étreinte. Sa fierté démesurée en avait pris un coup avec une telle remarque, il fallait l'avouer, et il ressentait à présent un embarras palpable. Ne l'oublions pas, Ramune a des côtés tsundere sur les bords, même si c'est insupportable. C'est comme ça. Alors, qu'on lui dise que lui et Calpis feraient de bons parents, c'était juste... "Okashii!" "Hazukashii!" Ce genre de choses qu'il dirait, si sur le moment il n'avait pas un minimum de retenue et surtout beaucoup de gentillesse et de respect pour la petite qui se trouvait devant lui. Pas question de dire quelque chose de désagréable, la pauvre! Néanmoins, fidèle à sa nature et ne pouvant s'en empêcher, le grand dadet de plus de deux mètres de long avait rougi et cessé de sourire, pour le coup. Et Calpis? Ben, Calpis, c'était autre chose... Lui, il était d'un naturel tellement innocent qu'il prenait tout à fait au mot ce que lui disait Yumiko, et que ça le touchait réellement.

Oh... C'est vrai, ça? C'est gentil!

Oui, il trouvait ça vraiment gentil, et de s'être fait dire une telle chose, ça le remplissait d'une certaine fierté. Calpis souriait d'autant plus, du coup ; Yumiko n'avait même pas employé n'importe quels mots, elle les avait même comparés à des parents, tout de même, ce que Calpis et Ramune n'auraient jamais pu être et ne pourraient jamais être, sans doute, montrant que cette qualité, que dis-je? Cette vocation n'était pas exclusive à certains types de personnes, et qu'eux deux, que Calpis avait toujours sincèrement cru capables de tout, pouvaient en être eux aussi. Yumiko aussi croyait en eux, sinon elle n'aurait pas dit ça de cette manière. Calpis et Ramune pouvaient faire de grande chose! Et d'entendre ça, le petit gros, ça lui faisait chaud au coeur. Il tenta d'ailleurs de partager ce bonheur intérieur avec son camarade qui ne comprenait sans doute pas le moins du monde ce sentiment-là :

Tu ne trouves pas, Ramune?

Pfu! N... N'en rajoute pas... Idiot!

Et la grande asperge de détourner le regard, gêné au possible. Calpis accueillit tout simplement ce geste, auquel il avait pu être habitué déjà par le passé, par un bon sourire, et se retourna vers Yumiko en désignant son ami du pouce :

C'est sa façon à lui de dire merci.

P... Pas le moins du monde!

Bien que Ramune affecte la colère, on ressentait de sa part davantage quelque chose comme de l'embarras. Une attitude parfaitement insupportable et impolie, oui, par orgueil et par cocquetterie, fort probablement. Mais le sourire bienveillant de Calpis était heureusement là pour bien faire comprendre à la jeune fille qu'il n'avait pas à s'inquiéter, qu'il ne parlait pas ainsi dans l'intention d'être méchant. Il était comme ça, c'est tout... Reprenant la conversation dans un registre plus sérieux, Calpis tapota à nouveau de la main la tête de Yumiko.

En tout cas, ça a vraiment l'air d'aller un peu mieux, je vois... Tu as souri, n'est-ce pas?

Ça non plus, ça n'avait pas échappé au petit gros... Le petit sourire de Yumi-chan. C'était une petite manifestation, certes, mais une manifestation tout de même! Et puis, la jeune fille l'avait dit elle-même, qu'elle allait mieux. Tandis que Ramune, plus pour se donner une contenance qu'autre chose, s'employait à souffler un peu sur la main dont il avait enlevé son gant, Calpis considérait Yumiko avec un nouveau sourire, cette fois un peu reservé, un peu triste. Bienveillant quand même, mais un peu triste... Il savait, même un idiot comme lui —peut-être "surtout" un idiot comme lui— pouvait le savoir, que quand on a dans sa tête un tel mélange de sentiments à l'horizon d'un moment de bonheur, on n'est vraiment pas habitué à vivre ce genre de choses. Ainsi, cette demoiselle-là ne devait pas avoir été très heureuse par le passé, et ça, le vieux le ressentait bien...

Tu n'as pas dû avoir la vie facile, jusque-là, pas vrai?

L'étreinte se rompu lentement à la suite d'un simple sursaut de la part de Ramune. La jeune lycéenne avait alors levé son tendre visage vers celui-ci dans le but de mieux l'observer. Elle se demandait bien pourquoi ce dernier avait réagit ainsi. Si rapidement. Avait-elle dit quelque chose de déplacé ? Et si c'était ça ... Elle ne voulait pas le mettre dans l'embarras, après tout. Seulement pouvoir le remercier. Lui faire part de ses sentiments, de ses impressions. Partager ses pensées. C'était désagréable ? C'était véritablement déplacé ? Elle s'était peut-être mal exprimé qui sait ... Puis Ramune rougit. Ce qui fit rougir Yumiko à son tour. Elle est vraiment très timide cette Yumi-chan ! C'est dans sa nature après tout. On n'y peut rien. Timide et peureuse. Les deux traits qui la caractérisent le mieux au final.

— E-euh ! J-je ... Je ...

Que pouvait-elle dire pour ne pas empirer la situation ? Cette ambiance stressante qui règnait ne se faisait sentir que davantage. Une ambiance, comment dire, qui était gênante à la fois. Si, si. Et Yumiko, elle n'aimait pas ça. C'était pesant. Stressant. Troublant. Gênant. Étouffant. Que pouvait-elle dire pour réparer la gaffe qu'elle venait de faire ? Mais était-ce réellement une erreur au final ou tout simplement la façon qu'avait Yumiko à ressentir une certaine culpabilité envers tout ? ... Va savoir.

C'est Calpis qui décida de détendre l'atmosphère autrefois bien trop pesant. Vraiment, Yumiko était heureuse d'entendre les paroles de ce vieil homme. Oui, lui semblait avoir apprécié la comparaison qu'avait fait la jeune fille. Elle ressentait la joie, le bonheur, qui était aussi visible dans les yeux de Calpis. C'est deux-là, à première vue, n'avait pas vraiment l'air de pouvoir devenir de bons parents. Ils donnaient même l'impression d'avoir gardé leur coeur et leur attitude d'enfant, disons. Toutefois, lorsqu'on venait à les connaître plus personnellement, leurs paroles et leurs gestes étaient semblables à ceux d'un parent chérissant son enfant. L'amour, ils n'en manquaient certainement pas. Ils pourraient sans aucun doute en donner et en redonner. C'est ce que la lycéenne aimait tant. Ce sentiment d'être enfin apprécié par quelqu'un qui pourrait tout aussi être sa mère ou son père. Ces parents, elle n'avait jamais eu la chance de recevoir le moindre sentiment positif de leur part. Que de violence. Que de souffrance. Elle n'attendait plus rien des adultes. Sauf à cet instant. Cet instant devenu peu à peu un moment magique qui restera à jamais gravé dans sa mémoire.

— Évidemment que c'est vrai ! J'ne dirais pas quelque chose comme ça sinon ...

Puis, elle sourit. Sympathiquement. Franchement. Un sourire véritable. Ce sourire significatif. La reconnaissance qu'elle ressentait envers ces deux compagnons. Par la suite, Calpis tenta de partager son sentiment avec Ramune. Ramune qui ne voulait rien n'entendre. Timidité, peut-être était la cause ... Au moment où Calpis désigna son ami du pouce en poussant une réplique plutôt comique, Yumiko se mit à rire de bon coeur. Surtout avec la phrase suivit de Ramune. « Pas le moindre du monde ! » La lycéenne semblait enfin comprendre que ce dernier était mal à l'aise, et qu'en fait, ça devait, au fond, le touché. Elle n'avait pas fait d'erreur lorsqu'elle leur avait dit qu'ils feraient de bons parents ... Elle devrait prendre plus de confiance en elle au final. Oui. De la confiance. C'est ce qu'il lui manquait, je crois.

Malgré la colère que dégagea Ramune, Yumiko l'aimait déjà beaucoup. Comme Calpis d'ailleurs. Elle les appréciait énormément. Ça ne faisait que quelques heures qu'ils s'étaient rencontrés et voilà qu'un lien se créait déjà. Quoiqu'il ne fallait pas oublier que Miko les avait déjà rencontré à la plage. Ce n'est qu'un détail après tout. Le charmant sourire de Calpis et l'embarras de Ramune ne faisait que davantage sourire Yumi-chan. Son coeur battait. Dans sa poitrine, un sentiment chaud de joie l'envahissait. Elle se sentait comprise. Aimée à sa juste valeur. Ce n'était certainement pas la même émotion que lorsque sa mère la battait et s'excusait lamentablement par la suite. Non. Là, c'était bien le contraire. C'était un sentiment véritable. Indescriptible, même. Elle adorait ça.

Puis Calpis lui tapota la tête une nouvelle fois. Elle préfèrait davantage ça qu'aux coups violents que lui infligeaient sa folle de mère.

— O-oui ! Je vais mieux ... C'est grâce à vous ... Je vous remercie infiniment !

Timidement, elle répondit à la question du vieux. Puis elle sourit. Gardant toujours le même sourire chaleureux, joyeux. Cet homme remarquait même les plus petits sourires du monde apparemment. C'est vrai quoi. Yumi-chan n'avait pas le sourire facile, et lorsqu'elle souriait, c'était tout de même discret. Toutefois, à ce moment-là, ce n'était plus pareil. Elle était la personne la plus heureuse du monde. La personne à qui un miracle venait d'arriver. La rencontre avec ces deux vieux étaient, en effet, un miracle. Miracle de noël ? Impossible, c'était déjà passé après tout. Alors, quoi ? Pourquoi ? Oui, pourquoi arrivait-il quelque chose de si ... bien pour une fois ? Elle préfèrait ne pas se poser la question après tout, et de savourer ce moment unique ...

Eh voilà, la question de la mort qui tue. Calpis venait de la poser. « Tu n'as pas dû avoir la vie facile, jusque-là, pas vrai ? » Vrai ... Oui. Pourquoi mentir ? Sa vie n'avait été qu'horreur. Cauchemar, après tout. Sa vie antérieur aussi, d'ailleurs. Pauvre Miko. Oui, pauvre Miko ... Cependant, si elle racontait tout ça, qu'allait-il se passer par la suite ? Elle n'est pas folle ... Non, non. Quoique ... Un peu schizo, mais c'est tout. Entendre des voix, pour elle, c'est tout à fait normal. C'est Miko qui la hante après tout. Quelle galère ... Pour ce qui est de sa propre existence, l'existence de Yumi, elle n'avait jamais eu la chance de connaître son père et sa mère ne cessait de la battre pour diverses raisons jamais justifiées. Par la suite, dans un moment de folie, à l'aide d'une hache, elle avait osé tuer sa mère violemment. C'est après ce meurtre que l'esprit de Yumi-chan se destabilisa, et que Miko apparut tout bonnement. Yumi et Miko se détestèrent. Sans raison. Elles se méprisèrent. Toujours sans raison. Yumi était seule. Toujours seule. Seule avec sa propre conscience qui était désormais hantée par un esprit démoniaque et érritant. Après quelques années de cohabitation, elle s'adapta à ce nouveau mode de vie, et entra finalement au campus de Mahora.

— C'est vrai ... Disons que je n'ai jamais connu mon père ... et que ma mère me battait lorsque j'étais petite ... Au moins, elle n'est plus de ce monde désormais ...

Puis un sourire presque sadique se dessina sur son visage angélique. Quelques secondes plus tard, elle reprit un expression plutôt triste, désolé. Elle ne se sentait plus très bien. Son bonheur ne pouvait certainement pas durer bien longtemps au final ... Eh non. Il fallait vraiment qu'on lui entre un couteau en plein coeur. Qu'on détruise encore une fois, le peu de joie qu'elle pouvait ressentir ...

— Je n'ai pas de parents ... Je suis seule, maintenant. Complètement seule ... Ah ... Apart peut-être ... Miko.

Cette phrase. Cette unique phrase. C'était un erreur de sa part. Une pensée dite à voix haute. Elle ne s'en était pas rendue compte, comme si elle était soumis à une transe. Miko ... Se souvenait-il, eux, de Miko ?

Au départ, ça avait bien été. Calpis et Ramune avaient souri à Yumiko lorsque cette dernière disait aller mieux, et qu'elle les avait remercié... Tics, gestes des deux vieux ; il ne fallait pas, voyons, il ne fallait pas, ils étaient contents qu'elle aille mieux en tout cas, c'était le principal! Et puis était venue la question de Calpis. Évidemment, comme on aurait pu s'y attendre, elle était venue tout perturber... Pourquoi diable il avait posé une question pareille, aussi? ...Il y avait une raison, bien évidemment. Ce n'était pas pour faire la causette de façon décontractée, sinon, bien sûr, il aurait choisi un autre sujet... C'est que... Dans ce moment, Calpis, Ramune et Yumi-chan étaient tous les trois heureux, très heureux, on le sait, on le sent, on le vit. Seulement, Yumiko, derrière le sourire qu'elle leur avait accordé dans ce moment de paix, cachait de la souffrance, souffrance d'autant plus perceptible qu'on la sentait véritablement soulagée de s'en être débarrassée en un tel instant. Or, profiter du bonheur, c'est bien, mais si on s'en sert pour totalement oublier, effacer le malheur qu'il y a eu derrière, ça devient mauvais... Autant ne rien cacher, parler de tout, n'avoir peur de rien évoquer et ceci incluait donc le mal... Le malheur... Il fallait bien en parler aussi, au moins un minimum, ça faisait partie de la vie... Du moins c'était ce que le petit coeur pur de Calpis, coeur d'idiot incorruptible, d'enfant-adulte, percevait.

Oh... Oh, pauvre petite... Ça a dû être terrible...

Et pourtant, il y avait bien eu ça. La réaction de Calpis, confuse, peinée, au récit de Yumiko, comme s'il ne s'attendait pas à des choses tristes, après une question pareille... Il avait pris les deux mains de Yumi dans les siennes alors, plein d'émotion, presque les larmes aux yeux. Une enfant battue par sa mère, c'est déjà pas joli joli ; mais le sourire que la jeune fille avait ajouté en évoquant la mort de cette dernière avait encore plus alerté les deux vieux sur le sujet. La chose était telle qu'elle en était venue à souhaiter la mort de cette mère, à s'en réjouir, peut-être même à la provoquer. Calpis et Ramune avaient tué déjà, au cours de leurs nombreuses vies... Par nécessité, par principe, pour une cause ou une autre qu'ils estimaient être la bonne, rarement, mais c'était arrivé, ils avaient tué... Ils pouvaient comprendre... L'horreur que c'était non seulement de souffrir à cause d'un être, mais d'en arriver au point où il faille tuer ou du moins participer à la mort, directement ou indirectement... Les deux vieux avaient bien conscience de ce que tout ça signifiait et ils ne le traitaient pas à la légère. Enfin Yumiko ajouta qu'elle était seule. On voulut protester. Non, elle n'était pas seule! À présent, elle les avait, eux, tous les deux, ils venaient de se rencontrer mais ça ne voulait rien dire, ils étaient là pour elle si elle en avait besoin, non, elle n'était pas seule! On ~voulut~ protester. Mais Yumi n'en laissa pas le temps. Puisqu'elle en était arrivée à évoquer le nom de Miko... Nom qui était loin d'être inconnus aux deux vieux, surtout à Ramune qui, comme on l'a dit, n'oubliait jamais les enfants qui avaient su à un moment où à un autre attirer son regard et sa sympathie... Même si cette dernière n'avait pas un caractère des plus faciles, enfin, on ne se plaint pas... Elle avait été loin d'être antipathique tout à fait, en même temps...

Ha... Miko? C'est cette petite demoiselle, pas vrai...? Nous la connaissons... On l'a rencontrée sur la plage un jour de fête en été...

Ah, mais c'est vrai, ça...!

En y repensant, tu m'avais fait penser à elle dès le début... Vous vous ressemblez... Vous avez un lien de parenté, peut-être?

HJ : Désolée, cette réponse-là était pas mal merdique...^^" Enfin, personnellement je la sens pas trop, mais...

Suite à la malheureuse réponse de la jeune adolescente, Calpis avait pris les deux mains de cette dernière dans les siennes. Yumi-chan, comme à son habitude, se mit automatiquement à rougir. Les contacts avec les autres personnes la mettaient toujours quelque peu mal à l'aise après tout. Malgré qu'elle appréciait tout de même ces doux moments. Ces moments de répis, quoi. Ces instants où elle pouvait faire le vide et partager sans aucun geste ni parole ses sentiments, ses émotions. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'elle ne décide de lever son visage vers celui de son nouvel ami. Elle voulait voir, observer, analyser, l'expression qu'il affichait dans un moment pareil. Savoir si elle aurait eut raison de pleurer. Ou était-ce mieux de rester impassible. Inexpressive. Puis elle le regarda. Longtemps. Il avait presque les larmes aux yeux. Et c'était de-même pour Yumiko d'ailleurs. Repenser à tout ce qu'elle avait vécu jusqu'à présent l'horrifiait, la peinait. Quelques fois, elle aurait bien voulu revenir dans le passé et se faire une vie un peu plus gaie. Une vie normale, même. Une routine constante, qui est toutefois sans douleur ni souffrance. Une vie avec des parents qui respectent leurs enfants et les aiment plus que tout au monde. Oui. C'est ce genre de vie que la lycéenne aurait toujours voulu avoir. Dire qu'il y a sûrement des personnes en ce moment qui se plaignent de leur existance alors qu'ils ont tout ...

Lorsqu'elle était jeune, c'était le souffre-douleur de sa mère. C'était la plus vieille qui recevait les coups, qui était la plus misérable, qui était l'erreur dans la famille. Autrefois, elle vivait avec sa mère et sa petite soeur, Sachiko. Quant à son père, il est mort un an plus tard. Un an après la naissance de la plus jeune. De cette être si petit et parfait. Car oui, Sachi-chan était, selon sa mère, l'enfant idéal. Mignone comme tout. Malgré tout, la mort de son père entraîna par la suite sa mère dans une énorme dépression qui la conduite à la folie. Voulant se défouler à chaque erreur qu'elle commettait, elle tapait comme une déchaînée sur Yumiko. Cette fille qui était, selon elle, l'enfant du diable. C'est ce qu'elle voyait en elle, en fait. Ce n'était pas sa fille. C'est ce qu'elle prétendait en tout cas. Puis ça blessait Yumi-chan. À chaque blessure qu'elle lui infligeait, la douleur, la souffrance dans son coeur s'emplifiait, devenait plus grande. Puis un jour, Sachiko ne revint pas de l'école. Sa mère, inquiète pour sa fille qui était supposément si parfaite la rechercha en vint. La petite s'était en fait enfuit, elle avait fugué. Fugué pour l'unique raison qu'elle avait vu le soir d'avant sa mère en train de maltraité sa propre soeur. Violemment. Très brutale. Elle avait peur. Elle ne voulait plus rentrer chez elle. Puisque Sachi-chan ne revint pas, les coups que Yumiko devait endurer étaient plus durs. C'est un soir, ce soir-là en fait, que cette femme sadique se fut assassiner. Assassinée à coup de hâches par son propre enfant. Quelle triste histoire.

Se souvenant de sa triste vie d'antan, Yumiko se mit à verser quelques larmes discrètes. C'est lorsque Ramune prononça le prénom de son double qu'elle sortit de ses horribles pensées. Elle ne s'attendait pas à ce qu'ils se souviennent d'elle. Miko était si désagréable. C'était le genre d'enfant qu'on aurait voulu oublier, non ? Apparemment, ce n'était pas le cas pour les deux vieux. Yumi-chan ne se souvenait que vaguement de la plage et de leur conversation. Après tout, ce n'était pas elle, en tant que tel, qui les avait rencontré à la plage ... C'était Miko. Miko avait certainement ses souvenirs. Les souvenirs de la plage, de Calpis et de Ramune.

Selon Ramune, Yumi-chan ressemblait à Miko-chan. C'était un fait ... Malgré la couleur des yeux, la taille ainsi que la grosseur de la poitrine, elles avaient les mêmes traits et la même coupe ainsi que couleur de cheveux. Toutefois, ce n'était pas un lien de parenté. Hélas non. Miko était anciennement Yumi. Dans une autre vie. Au final, c'est deux vies avaient été désastreuses constata-t-elle à cet instant. La première où l'on pouvait voir Miko se faire enterrer vivante alors qu'elle était bien jeune ... Mais n'entrons pas dans les détails, ce serait bien trop long. Qu'allait-elle répondre à cette question ? Elle baissa doucement la tête réfléchissant à une réponse plausible. Elle n'aimait pas particulièrement mentir. En fait, elle détestait même ça. Oui. Elle trouvait ça irrespectueux de mentir, surtout à quelqu'un en qui l'on tient. Elle tenait à Calpis et Ramune. Ils étaient comme une famille maintenant ...

— E-eh ... O-oui ... On se ressemble ... Mais, niveau caractère et personnalité, nous sommes complètement l'inverse ! Notre lien prouve que les contraires s'attirent sûrement ...

C'était certainement ça. La raison du pourquoi Yumi-chan était liée à Miko-chan était parce que les contraires s'attirent ... Oui. Sûrement. Étrange comme raison, avec très peu de logique, mais c'était tout de même une bonne hypothèse. Enfin bref, quelle lien avaient-elles, ces deux-là ? Va savoir ... C'était ... sa double-personnalité, après tout. C'était son autre elle ... Non ? ... Étrange.

— Nah ... Pas de lien de parenté ...

Elle était mal à l'aise. Elle préférait ne rien dire de plus. Après tout, la question n'était pas de savoir qu'elle sorte de lien elles avaient précisément, hein.

"Les contraires s'attirent sûrement." Là, Calpis et Ramune échangèrent un regard. Évidemment, ici, la caricature était plutôt dans le genre tout à fait physique, m'enfin, prenez une photo-souvenir, vous vous en souviendrez toute votre vie et vous vous direz "c'est dingue, on dirait qu'ils sortent d'un de ces films débiles d'à l'époque où la fiction était encore manichéenne"... Héhé! Blague. En tout cas, on ne pouvait pas savoir ce qui se passait dans leur tête sur le moment, mais il était clair que dans l'état, ils ne pourraient absolument pas contredire, de toutes façons. Puis, alors qu'ils se regardaient toujours, ils se sourirent soudain, en se rappelant d'une chose essentielle qui faisait bien qu'ils étaient toujours ensemble, et qu'ils ne manquèrent pas alors immédiatement de définir avec des mots, en se tournant vers Yumiko d'un même geste :

C'est vrai... On a besoin de quelqu'un pour vivre, et on est lié à la personne dont on a besoin, qu'on s'aime ou non.

Et puis, je pense que dans le fond, qu'on dise s'aimer ou se détester, il y a tout de même bien une forme d'affection, non? Sinon l'animosité pourrait bien conduire à autre chose...

Mais c'est comme ça que sont les hommes. (Un regard vers le ciel, tandis que de sa main libre, il tapotait la tête de Calpis. Retours affectueux.) Je suppose que quoi qu'on dise, on a besoin les uns des autres...

N'est-ce pas?^^

Hu... Hum... Ceci dit, tâche de pas trop de donner de grands airs, toi... Jamais je ne te quitterai, parce que sans moi, tu serais totalement perdu et tu deviendrais un rien du tout, et que je peux pas te laisser, voilà pourquoi!

Ah, dommage, c'était bien parti... Cependant, l'ego un peu trop gonflé de Ramune le poussait forcément à dire ce genre de choses. Pas "J'ai besoin de toi" mais "C'est plutôt toi qui a besoin de moi"! ...Même si, en réalité, derrière ces précisions, se cachait aussi autre chose : "J'ai besoin d'être au courant de ton état et de savoir si tu vas bien. J'ai besoin que tu ailles bien et quoi que j'en dise, même si c'est fastidieux parfois de t'aider, gauche comme tu es, je pourrais jamais te laisser dans le pétrin..." On est liés. C'est bien ça, cette question du lien! Et même chez les êtres qui se détestent parfois, le lien est indéniable. À la dernière réponse de Yumi, Calpis haussa les épaules sans perdre son sourire.

Bah! Pas besoin d'un lien de parenté pour être liés, après tout, de toutes manières. Pas vrai, Ramune?^^

C'est évident...

Sourire aussi du côté de Ramune. C'est vrai, ces deux-là n'avaient pas de lien de parenté, pas qu'on sache. Preuve en était qu'ils n'avaient pas le même nom de famille. Mais ça ne changeait rien au fait qu'ils étaient bien des frères dans le fond de leur coeur... On raconte même que quand ils étaient petits ils s'amusaient à se "partager" leurs parents. Enfin, on n'en connaît pas beaucoup sur leur passé, alors...

Que l'on s'aime ou non ? Effectivement, la relation de Yumi et de Miko était la majorité du temps très tendue. Elle ne s'aimait pas particulièrement, et on pourrait aller jusqu'à dire qu'elle se haissait tout simplement. Avait-elle réellement besoin l'une de l'autre par contre ? Dans le cas de Miko, Yumi-chan lui était essentielle pour vivre. Si cette dernière se faisait tuer, par exemple, Miko disparaîtrait sans aucun doute. Quant à Yumi ... Hmpf. Difficile à dire, je pense. Toutefois, je crois que dans un certain sens ... Oui, dans un certain sens, Yumi-chan avait besoin de son double. C'était sa moitié après tout. Son contraire. Ensemble, elle formait un tout. Au final, si elles ne s'auraient pas l'une et l'autre, il manquerait quelque chose, non ? Bref, peut-être avait-elle vraiment besoin l'une de l'autre et c'était pourquoi elle réussissait - difficilement certes - à vivre ensemble.

Puis Ramune tapota la tête de Calpis affectueusement. On a tous besoin de quelqu'un, donc on a tous besoin les uns des autres ... Était-ce cela la conclusion à retenir ? Yumiko n'en doutait presque pas. Ça ne pouvait qu'être cela ... Et c'est très bien ainsi. Qu'est-ce qu'elle en apprennait avec ces deux-là. La vie lui paraissait déjà un peu plus claire qu'avant. Sa relation avec Miko aussi.

— Vous avez certainement raison ... ! , s'exclama-t-elle tout en passant doucement l'une de ses mains dans sa longue chevelure afin de replacer quelques mèches rebelles. On a tous besoin des autres, car vivre dans la solitude serait tout simplement impossible. Vivre seule pour toujours serait horrible, pas vrai ? Comme une mort terriblement lente ... où l'on souffre sans arrêt. Je crois ... , puis elle sourit.

Puis Ramune refit une scène. Il ne quittera jamais Calpis, car il serait totalement perdu ... Yumiko n'en croyait pas un mot d'après le ton qu'il avait utilisé ! La jeune lycéenne se sentait de mieux en mieux en fait. Tout au long de la conversation, il y avait eu des hauts et des bas, mais depuis le commencement, elle se sentait de mieux en mieux. Comme si être en leur compagnie lui faisait tout oublier. Qu'est-ce qu'elle était belle la vie dans ces moments-là ! C'était parfait. Parfait ... Malgré que Yumi-chan n'aimait pas trop ce terme ... la perfection ... cette fois-ci, elle allait l'accepter sans broncher. Puisque tout allait de mieux en mieux, pourquoi détruire un si beau sentiment qu'est la joie ... Certainement pas - pour cette fois-ci en tout cas - le fait que ce soit "parfait". Fuu, cette Yumi-chan ! Qu'est-ce qu'elle a contre la perfection après tout ...

Bref, Yumiko se doutait que la réponse de Ramune n'était dû qu'à son trop grand ego qui n'aurait pas supporté de dire la vérité. Ce qu'il pensait réellement. Heureusement, ça sonnait tout comme. On devinait facilement ses vraies intentions derrière cette fausse phrase et ce ton semi-agressif. Il aimait énormément Calpis, et ça, on le voyait qu'en les regardant tous les deux, toujours ensemble. Inséparable. Comme c'était mignon. Une telle relation était-elle possible entre elle et Miko ? Ehh ... Fallait espèrer, mais rien n'était certain. Ça, non ! Il faudrait bien qu'un miracle se produise du jour au lendemain pour qu'il y ait du changement ... Mais Yumi-chan allait faire des efforts ... Pour l'une des premières fois dans sa vie, elle comptait restée forte ! Quoique ... La colère ne Miko pourrait très bien la faire changer d'idée en cours de route. On le sait tous, quand Miko est frustrée, ce n'est pas beau à voir. Même si pour certain, ça pourrait être une partie de plaisir, Yumiko, quant à elle, ne le voyait pas sous cette angle ... Absolument pas.

Calpis et Ramune souriait toujours. Il souriait tout le temps, n'est-ce pas ? Ils étaient vraiment très jovials. Yumiko appréciait réellement l'attitude des deux vieux. Une attitude si positive ... Une attitude qu'elle n'aurait sans doute jamais. Manque de confiance en soi, peut-être. Elle ne savait pas trop comment décrire ses émotions. Cependant, elle savait que la plupart du temps, il n'y avait rien de très optimiste là-dedans. C'est pourquoi elle enviait tant, en ce moment, l'attitude qu'adoptait les deux inséparables.

Avoir un lien de parenté aidait sans doute ... à être lié à une personne ... si fort ... Non ? D'après la réponse qu'avait fournit Calpis à la jeune fille, ce n'était absolument pas nécessaire. Et Ramune seconda celui-ci. Encore une fois, ils ne devaient pas avoir tord. Yumiko les croyait. Après tout, elle voulait croire en sa prochaine réconcilliation avec Miko. Enfin ... Sa "peut-être" future réconcilliation. Si elle a assez de courage ... Comme dit précédemment. Ça reste à voir après tout. Enfin, eux ? Avaient-ils un lien de parenté ? Yumiko avait du mal à répondre ... Même si elle ne croyait pas que c'était le cas. Sinon, auraient-ils répondus ainsi aussi ... facilement ?

— Et vous ? Avez-vous un lien de parenté ?

Elle avait posé cette question si simplement ... Ça l'intrigait, faut croire. Qu'est-ce qu'elle peut être curieuse quelques fois ...

— Ehh ... Si ce n'est pas le cas, comment vous vous êtes rencontrés ? , demanda-t-elle d'un air curieux.

Eh? Ah, non, on n'a pas de lien de parenté...

C'est d'ailleurs bien pour ça qu'on a aussi des noms différents...

Pas faux. Même si il faudra tout de même un jour nous expliquer pourquoi ils portent les noms de deux boissons populaires japonaises comme noms de famille. O_o ...Enfin, ne cherchons pas. Ça vaut mieux. M'est avis qu'il n'y a pas d'autre explication qu'un relief comique de toutes façons. Bon. Alors comment ils s'étaient rencontrés? Haussement d'épaules de Ramune.

Mah! Je suppose qu'on ne s'est jamais vraiment "rencontrés"... On a toujours été ensemble, et ce au sens propre du terme d'ailleurs... Nos parents se connaissaient, donc on s'est connu et on ne s'est pas quitté, ça s'est fait... Bon, après, moi, mes parents, j'dois admettre que je les ai jamais beaucoup connus, ils sont morts quand j'étais petit... Alors, du coup, Calpis et moi, on a... En quelque sorte... Partagé un peu ses parents, par la suite.

Ouais! C'est ce que je lui disais quand on était petits... "Je te prête Mamotchka et Papotchka"...

Rire bref de Calpis, à cette évocation du passé. Il leva les yeux vers son grand camarade, avec ce sourire de tendresse habituel.

Quand on y pense, on a été un peu comme des frères, après tout, à cette période de notre vie!

Tu parles, on a toujours été comme des frères, tout le temps, même!

Au tour de Ramune de rigoler, à la remarque du petit gros, mais ce n'était décidément pas le même genre de rire... Enfin, on en a déjà parlé. Comme un vieux pote de... D'on ne sait où d'ailleurs XD, la grande asperge avait donné un coup à l'arrière de l'épaule de son ami avec un semblant de clin d'oeil, que Calpis accueillit par un nouveau rire de son côté. Complicité, quoi.

Tu te rappelles? C'est même moi qui t'ai donné ton nom.

Ha ha! Oui... Tu m'as donné mon nom! J'avais même été ton premier mot!

Ça encore, c'en était un de souvenir amusant. Assez étrange à croire sûrement, mais Ramune avait bel et bien donné son nom à Calpis —nom qui n'existait pas auparavant, au demeurant... Ça remonte, évidemment, à l'époque où ils étaient tout bébés. On ne sait pas ce qui se passait dans la tête du petit Enko à ce moment-là, bien sûr, mais on pense qu'il avait, en essayant de dire "gros" pour désigner Calpis, déformé un peu le terme "debu" en une chose bizarre... "Debouko!", en pointant Calpis du doigt. Et au lieu de s'offusquer de voir son fils traité de "gros garçon" —traduit grossièrement, Maman Calpis avait lâché un grand sourire enthousiaste : "Son premier mot, et c'est de mon fils qu'il parle! On l'appellera comme ça!" ...Voilà. Histoire d'un prénom qui n'existe pas ailleurs —et on comprendra pourquoi. XD Du côté des deux vieux, on finissait de rire tout seuls. Pauvre Yumi-chan, elle devait se taper des conversations aussi bizarres alors que...

Mah... Mais on parle trop. Excuse-nous!

Hm! En tout cas, en ce qui te concerne... J'espère que tu arriveras à trouver un certain équilibre quoi qu'il arrive, avec cette personne avec qui tu es liée. Que vous vous aimiez vraiment ou pas, d'ailleurs... Dis-toi que ce sera mieux ainsi que d'être seule...

Hmm... Comme tu l'as très bien souligné, c'est difficile quand on est seul de ne pas penser que tout ce qu'on fait, en ce moment même, c'est mourir. Mourir à petit feu...

Sursaut. C'était un peu triste et aussi un peu extrémiste de dire ça, peut-être. Qui étaient-ils pour dire quelle vie était bonne ou mauvaise à vivre, d'abord? Et puis, eux-mêmes, ils en avaient vécu plein, des vies, après tout! Il fallait bien nuancer un peu...

Euh...! Ceci dit, ce n'est que notre avis, tout ça.

Hm, bien sûr! Tu vis comme tu l'entends...

Comme Yumiko s'en était douté : aucun lien de parenté entre les deux vieux. La différence était bien trop frappante pour qu'ils soient frères de toute façon. Nous n'avions qu'à les regarder pour s'en assurer. Ils étaient le contraire l'un de l'autre et voilà. Mais elle avait quand même osé poser cette question. Simplement pour se rassurer de la réponse sans doute. Yumi-chan est curieuse après tout. Elle aime connaître davantage de chaque personne. En savoir plus sur tout le monde. Savoir la vérité. Pas de simples rumeurs racontées par on-ne-sait-pas-quel-no-life-qui-n'a-que-ça-à-faire.

Pour ce qui est des noms différents ... Elle n'y avait même pas songé. Leur différence physique l'avait davantage marquée.

— Ehh ... C'est vrai, j'n'y avais même pas pensé. ^^'

Et puis maintenant, comment s'étaient-ils connus ? La grande question que Yumi-chan leur avait posé, toujours aussi curieuse. Alors alors ... Ils avaient toujours été ensemble en fait. Mais je ne répèterai pas le long discours des deux amis inutilement. Touchant, ou bien simplement mignon. Dur à dire, mais une chose était certain : elle aimait bien leur "rencontre" qui n'en était pas réellement une. C'est vrai quoi, ils avaient toujours été ensemble, se prêtaient même leurs parents. C'est plutôt touchant ça, pas vrai ? Une belle histoire selon moi. Selon Yumiko aussi d'ailleurs. Ouais, vraiment. Elle était intéressée par tout ce qu'ils racontaient en fait. Véritablement. Ils étaient comme des frères ... C'était adorable, dit ainsi. Yumiko pensait plus à de meilleurs amis au départ, mais c'est vrai que des frères, c'est bien mieux.

— Vraiment ... ? Ramune vous a donné votre nom ? , demanda-t-elle en s'adressant à Calpis gentilment ainsi que surprise.

C'est surprenant, hein Yumi-chan ? Ouais, assez étrange ... Mais en même temps, elle ignorait leur âge ... Dès le départ, elle aurait cru qu'ils avaient le même âge ... Peut-être pas en fin de compte. Surprenant ? Pas trop quand on y repense.

Puis Calpis répondit assez rapidement à l'intervention de Yumiko. il avait été en fait le premier mot de Ramune. C'était assez étrange comme vécu. Et assez difficile à croire d'ailleurs ... Mais en même temps ... Si ça venait d'eux, la lycéenne était prête à les écouter et à avoir confiance en ce qu'ils disaient. Ouais, les croire tout simplement. Elle sentait toute la vérité qui se dégageait de leur parole après tout. Ainsi que de ses rires amicaux qui se faisaient sans cesse entendre. Des rires vrais, remplis de nostalgie, de vécu, d'amitié. Ses rigolades entre potes qui pouvaient prendre toute forme de sentiment après tout. Mais toujours une émotion de bonheur semblait être dégagé. En tout temps. Et aucune tristesse ni regret pourraient briser tous les sentiments dégagés. Comme c'est beau.

— Ne vous en faîtes pas ! Vous savez ... J'aime beaucoup vous entendre discuter et rire ainsi ... Qu'est-ce que c'est beau à voir ! Et aussi, ça réchauffe le coeur vous savez. répliqua-t-elle instantanémment en posant l'une de ses petites mains sur son coeur devenu si chaud.

C'vrai ça, tu devrais trouver un certain équilibre entre toi et Mikomiko. Ce serait 'achement bien, non ? Tu pourrais enfin ... je n'sais pas moi, avoir quelqu'un en tout temps avec toi ... Tu pourrais davantage t'amuser quoi ! Ouais, c'est ça. Yumiko devait penser à une méthode pour renforcir ses liens, les entretenir, les faire revivre — même s'ils n'avaient jamais encore vu le jour, ses liens — pour enfin vivre une vie meilleure. Plus heureuse. Avec tout le bonheur qu'elle souhaiterait avoir ! Parce qu'il était temps ... après tant de malchance ... à pouvoir bénificier d'un peu de joie dans sa pauvre existence. M'semble.

Puis après un instant, ils sursautèrent. Étrange réaction, Yumiko ne comprennait pas vraiment jusqu'à ce qu'ils en glissent un mot. Deux simples phrases construitent qu'avec les bases de tout. Vivre comme elle l'entendait ... Désormais, elle réussirait sans aucun doute à vivre davantage ... une meilleure vie grâce à eux. Ils n'avaient pas besoin de s'en excuser. Absolument pas.

— J'crois avoir capté maintenant ... grâce à vous. Je devrais peut-être commencer à renouer avec cette personne. Pour enfin voir un peu plus clair. Plus joyeusement en tout cas. C'est c'que je pense maintenant ... Et comme je l'ai dis, c'est certainement grâce à vous. Vous avoir parlé, vous avoir entendu discuter et rire ... Qu'est-ce que ça fait du bien ... On se sent vivre dans ce temps-là, et je vous en remercie tellement. J'aimerais pouvoir faire quelque chose en retour, car vous m'avez tant aidé, même dans une simple conversation ... Ça m'a fait si chaud au coeur ... C'était si bien ... Alors, s'il y a quelque chose que je peux faire, ne vous gênez pas pour me demander quoique ce soit ...

Félicitation Yumi-chan pour le monologue ... Maintenant, elle culpabilise car elle se sent bien trop ... heureuse. Ils ont changé sa vie pour un instant, et voilà qu'elle insiste pour leur rendre un service en retour. Elle n'est tout simplement pas capable d'accepter qu'une telle discution change sa vie pour le meilleur, sans qu'elle n'ait besoin de rendre la pareil. Bien trop polie pour ne rien faire en retour de cet agréable moment évidemment. Que d'évidence.

Attention, mesdames-messieurs, voici du comique! Parce qu'on aime ça, et que de toutes façons, Calpis et Ramune ne sont capables que de ça. Qu'ils le veuillent ou non. Pour l'instant, le petit gros et la grande asperge se confondaient en gestes et en sourires emprunts d'une espèce de fausse modestie exagérée, le genre "oh non, il ne faut pas dire ça, merci, c'est trop bon de votre part mais on ne le mérite pas..." Oui, en somme et quoiqu'on en dise, ils s'étaient sentis flattés, les deux gugusses, qu'on ne tarisse pas d'éloges à leur sujet... Ils n'avaient pourtant pas fait grand'chose! Juste parlé un peu...

Oh, non, voyons, voyons...

On n'a rien fait de spécial, nous, voyons...

Mais assez vite après ces petites embarrassades caricaturales, on reprit un peu plus de sérieux. En réalité, Calpis et Ramune n'avaient jamais vraiment perdu le leur, c'était simplement que parfois, ils étaient juste comiques par nature... ...Pourquoi j'ai dit parfois. Bref. Calpis avait repris un sourire déjà plus conventionnel, ce genre de bon sourire que ça les connaît, aux petits gros, d'avoir un sourire pareil, et c'est ce qui les fait paraître si sympathiques. En tout cas dans son cas, ça le faisait.

Non, vraiment... On est contents que tout ça t'ait remonté ton petit moral, c'est important...

...Et si on a pu effectivement mettre un peu de joie dans ta vie, tu nous vois les plus heureux du monde.

...Mais franchement, je ne vois pas en quoi on mériterait des remerciements quelconques... On s'est contenté de parler un peu, c'est tout ce qui suffit à te faire une vie! Rencontrer des gens... Leur parler comme ça... C'est sûr que ça met de bonne humeur, dans le fond.^^

Or, tandis que Calpis expliquait les choses à sa manière, si simplement et avec sa candeur habituelle, mais à tel point qu'une telle simplicité passait même pour une sagesse ici, Ramune, de son côté, en sa qualité de... Gars qui aimait bien les enfants, ouvrit légèrement ses deux longs bras pour sortir quelque chose de bien moins sérieux déjà :

Ceci dit, j'ai rien contre un autre câlin, moi!

Fais pas l'idiot...--"

Ohoo! Chose étonnante, ce coup-ci, c'était Calpis qui s'agaçait du comportement bête de Ramune et non plus l'inverse. Mais là, après tout, ça paraissait normal. Toute leur vie ça avait été comme ça, ou presque, du "Arrête de regarder ces femmes" au —assez ironique en fin de compte— "Arrête de dire des choses pareilles sur des enfants tellement plus jeunes que toi, ça fait malsain." En vérité, Ramune était bien l'un des rares, d'ailleurs, à ne pas trouver ça malsain personnellement. Enfin. Après tout, Ramune n'est pas un pédophile, et il n'avait pas vraiment d'arrière-pensée, il n'aurait pas craché sur un câlin, c'est tout... Ah, oui ; autre différence aussi entre quand c'était Ramune ou Calpis qui s'énervait : les châtiments de Calpis, quant à eux, s'ils étaient moins fréquents en vérité, étaient bien moins contrôlés aussi. Ce coup-ci, c'était le coude de Calpis qui était parti flanquer un bon coup dans le ventre de Ramune, ce qui fit lâcher à la grande asperge un "OUMF" assez conséquent. Et tandis que Ramune se remettait comme il pouvait, les deux mains sur le ventre, Calpis ajoutait encore quelque chose comme si de rien :

En tout cas, Miss, on te souhaite de tout coeur bonne chance pour faire ce que tu veux faire et vivre comme tu veux vivre... Et on sera là si t'as besoin d'un peu d'affections et d'encouragements pour avancer.