À cette heure matinale, les rayons du soleil traversaient les fenêtres du corridor avec une certaine puissance. La porte vernie, ornée de multiples écriteaux Suédois, s'ouvrit sans grincer. Rapidement, un élève s'en échappa et le bruit de ses baskets frottant le carrelage raisonna jusqu'au bout du couloir. Bientôt la chevelure flambante de l'adulte responsable des lieux émergea de son office. Le visage de la jeune femme semblait enjoué, voir même rassuré alors que ses yeux se plantaient, tels des lames, dans le dos du pauvre bonhomme qui s'éloignait à grands pas. Son sourire s'effaça paisiblement alors que, portant une mains à sa bouche afin de l'utiliser comme porte voix, elle lança ces quelques mots clairs et puissants.

Et n'oublies pas, le suicide n'est pas la solution ! Ça n'empêche pas qu'il reste l'une de tes meilleures options !

Un jour, plus proche que l'on aurait su l'espérer, l'un des pauvres adolescents perturbés qui entrent semestriellement dans cette pièce finira par faire une bêtise. Une bêtise qui ne lui serait certainement jamais venue à l'esprit si la psychologue scolaire ne lui avait pas débiter une montagne d'âneries. Elle n'était pas faite pour ce travail. Son humour était trop décalé, sa personnalité trop peu stable, et sa compassion bien trop sélective. Iris DF n'aurait jamais dû postuler pour ce job. Comment était-elle arriver là d'ailleurs ? Ça lui était déjà sorti de l'esprit. Retournant tranquillement dans ce qui lui faisait office de lieu de travail, elle referma la porte derrière elle et avança guillerette en direction de son superbe siège en cuir et à roulettes. Devant elle se dressait une charmante pile de papiers froissés et négligés, dont on ne savait pas grand chose si ce n'est qu'elle n'en prenait pas vraiment soin. Calmement, elle les saisi un à un et, sans véritablement les regarder, les rempila ... à l'autre bout du bureau. Était-ce pour se donner l'impression qu'elle travaillait qu'elle s'adonnait à ce rituel ridicule qu'était le déplacement de ces mystérieux papiers ? Inutile de se mentir, tout le monde ici savait qu'elle n'en foutait pas une de la journée. Tout le monde étant bien évidemment les gens présents dans cette pièce, en ce moment même, c'est à dire IDF, la peluche Raichu pausé près de la fenêtre et le cactus en pot surnommée Thierry, qui trônait à côté de son mug vide.

... Entrez ?

Sortant le museau de ses feuilles volantes, la rousse fixa la porte de son antre avec curiosité. Clignant deux ou trois fois des paupières, elle était certaine d'avoir entendu des pas dans le couloir, et si elle n'avait pas été aussi persuadé que ledit touriste était sur le seuil en ce moment même, elle aurait bien demandé à Thierry d'aller ouvrir.