Soyons optimistes, la vie est belle ! {LIBRE}

« Monde de merde ! »

« Elle veut pas de mooooooi ... »

HJ : POUFPOUF, comme je l'avait dit, je m'incruste. =D Avec mes deux vieux parce que c'est encore ce que j'ai de plus inspirant dans ma petite tête en ce moment... Dis-moi si je dérange ou si j'ennuie.

~~~

Parmi les pas des élèves et des autres personnes dans l'allée, on entendait, très doucement, le souffle un peu dissonant d'un accordéon qu'on tient mal. Ouais, en fait son propriétaire le tenait bien contre son ventre comme faire se doit, son gros ventre qui faisait remontre un peu l'instrument, mais il en laissait traîner un bout qui retombait et se balançait au rythme de la marche, laissant échapper ce son étrange que lâche un accordéon quand il s'ouvre et se referme, sans qu'on joue la moindre note... L'accordéon ne se tait jamais que quand il est bien refermé... Hors, dans le ballottement de sa marche incertaine, Calpis avait les mains occupées à tenir dans l'une une bouteille de bière russe ouverte, qui faisait elle aussi un petit bruit de glouglou, et dans la droite tout un pack, par un bout, ne se souciant même pas du sens dans lequel il tenait ses bouteilles. Ramune, qui marchait un petit peu devant lui, portait un autre pack. On avait des réserves...

Tu vois, j'avais raison, c'est bien qu'on vienne ici. Y a pas grand'monde et c'est joli, quand on voit le ciel à travers les branches noires et nues des arbres en hiver... Hein, t'as vu... C'est joli cette allée, hein...

Oui, oui... Mais vraiment, Debouko, Boje Moï, économise-toi un peu... Regarde-toi, t'arrives même plus à marcher correctement. Alors j'imagine même pas ce que deviendra ta parole, bientôt.

Boh...

Ce fut la seule réponse dont le petit gros fut capable. Il fallait dire en effet qu'il était un peu dans le gaz. À peine sa journée s'était-elle terminée que Ramune et lui étaient allés boire, comme les maids, toujours en contact avec eux, leur avait fait parvenir de l'alcool de Russie envoyé par des amis. Pour ça, oui, ça sert d'avoir des contacts aux quatres coins du monde... Il faudrait leur écrire pour les remercier... Bah... Le week-end venait...

Franchement, être déjà dans ton état alors qu'on n'est même pas encore dans soirée, ça craint... 'Faut que tu fasses un peu plus gaffe, tu sais.

Bah, tu dis ça, mais quelques bières de plus et ça te prendra aussi. Et alors on parlera, et puis on finira par s'installer dans un coin pour dormir un peu. Je pense... (Une pause.) ...Y a plus de vodka, hein?

Plus rien, plus du tout, on a tout bu. Ou devrais-je dire, tu as tout fini...

C'était une petite bouteille.

C'est vrai... Une très petite bouteille...

Calpis renouvella son grommellement, qui vint s'accorder avec le souffle rauque de son accordéon. Ramune, lui, releva les yeux comme il avait entendu une voix sortir du lot, et il remarqua le jeune adulte blond qui n'avait pas l'air dans son assiette. Il s'arrêta alors de marcher, Calpis ne le remarqua pas et se cogna dans son dos, et l'accordéon cracha un autre son dissonant.

Regarde, Calpis...

Mmh. Il a pas l'air très en forme, celui-là.

Ramune lâcha un petit sourire compatissant, très vite suivi par son ami qui avait un peu de retard sur ses habitudes, il est vrai, parce que pour le coup l'alcool l'avait rendu un peu bourru, peut-être mélancolique, et en tout cas deux-de-tension. Quel que soit le problème de ce gars ça n'avait pas l'air d'aller fort... Alors, sans même y songer, sans même se demander si l'échange d'alcool en plein milieu d'un lieu propre à l'école ne choquerait pas la compagnie, ils approchèrent et Ramune sortit de son pack une de ses bouteilles de bière qu'il tendit au jeune homme avec un sourire amical, convivial comme du temps où ils vivaient dans ce petit village de Russie —en espérant que ça ne passerait pas non plus pour de l'impolitesse, Ramune était du genre hypocrite en temps normal mais lorsqu'il s'était grisé un peu ça le déridait, lui aussi, mine de rien, ça lui changeait un quelque chose...

Salut, camarade, ça a pas l'air d'aller très fort... Si je peux me permettre... Tu veux une bière?

Elles sont bonnes, elles viennent de la bonne vieille Russie, celles-là... Et on en a beaucoup aujourd'hui...

[HJ - Ça me dérange jamais quand les gens s'incrustent ! òó Par contre, désolée, je fais pas aussi long que toi ... XD]

« Euh ... Oui, merci. »

« Ça va déjà mieux ! L'alcool fait toujours des miracles ... Surtout la vodka ! »

HJ : Ah, désolée, c'est vrai que ça fait un paquet...^^" En même temps j'ai deux sources de paroles de plus que toi, ça aide aussi à faire de ces tartines décourageantes... XD Désolée pour ça. Sur ce :

~~~

Sourire compréhensif de Ramune, qui poussa un léger soupir à la simple pensée du Saint Alcool.

Ah, ça, tu peux le dire... Le plus triste, c'est qu'on en avait avec nous, de la vodka, "pas plus tard qu'un moment plus tôt", mais... (Regard en coin vers Calpis.) ...Certaines personnes ont tout fini.

Hey, pourquoi me viser si particulièrement?--" Tu en as bu autant que moi, que je sache!

Ramune renonça et Calpis renonça à son tour en voyant Ramune renoncer. Il ne perdait rien pour attendre, ce grand poteau électrique, va. Calpis lui montrerait... Plus tard. C'est déjà un peu plus impoli de se disputer quand on est face à une tierce personne, surtout quand celle-ci n'a pas l'air vraiment dans son assiette. Le petit gros entreprit donc d'adresser à nouveau la parole au jeune homme, avec un air d'excuses mais sans exagérer, tout se jouant sur son petit regard un peu éteint par l'alcool qui lui donnait un air presque un poil pitoyable, et non sur ces gestes superflus dont certaines personnes s'embarrassent tellement pour montrer ce qu'elles ressentent. Pas besoin... Fatigant... Non, pas besoin.

...Mais vraiment, si on avait su qu'on rencontrerait une personne avec qui partager cette vodka, on en aurait gardé un peu pour toi. C'est navrant de ne pas savoir anticiper les choses parfois... Et maintenant, il n'y a plus que de la bière.

Remarque, elle est bonne aussi ; puisqu'il faut faire avec ce qu'on a.

C'est vrai, qu'elle est bonne. C'est aussi vrai que ça fait du bien de boire quand on le veut.

Sur ces sages paroles, Ramune vida encore un peu sa bouteille entamée d'une goulée de plus, et Calpis, presque par réflexe, en le voyant faire, l'imita grossièrement. C'était assez touchant... Enfin, je me comprends. XD Finalement, Ramune, lorsqu'il eut fini de boire, s'essuya discrètement la bouche d'un revers de manche encore poli —un gros manteau pour le froid au-dessus de son costume plus élégant— avant de questionner de nouveau ce "compagnon de bière" qu'ils s'étaient définitivement décidés à tutoyer, ce qui était assez inhabituel chez eux :

Alors, dis-nous un peu, qu'est-ce que c'est, tes soucis?

disputer

- Ah ... Ça ...

- C'est pas grand chose.

- L'infirmière de l'école m'a foutu hors de l'infirmerie~ D:, s'est-il plaint, sans en expliquer plus que cela.

Eeh...

Les deux vieux restèrent silencieux un instant, haussant un sourcil dans une position de réflexion peu discrète. Chacun une bouteille à la main, l'autre bras ballant littéralement avec un pack de bière au bout, et cette expression du gars qui essaie de comprendre mais à qui ça donne déjà mal à la tête de suite... Bien qu'ils soient physiquement très différents, Calpis et Ramune se ressemblaient beaucoup, tout d'un coup, avec cette expression. Double silence, parce qu'on n'était pas certain de comprendre à quel point ça pouvait être grave d'être viré de l'infirmerie, et donc qu'on préférait se taire plutôt que de dire une bêtise. Pour une fois. L'alcool rendrait-il sage, ou quoi? Seul un hoquet incontrôlé de la part du petit gros, qui fit souffler au passage son accordéon dans un nouveau son pas très joli, brisa le vide cet instant dans lequel pas un mot ne s'était dit. Finalement, ce fut ce même gars qui avait hoqueté qui se décida à poser une question pour comprendre davantage l'infortune du jeunot. Ben oui, qui ne tente rien n'a rien, et si on pige rien, il faut bien demander des explications...

...Pourquoi, tu veux dire que tu tenais tant que ça à y rester, à l'infirmerie? Tu te sentais pas bien?

Oui, ça paraissait assez bête et surtout très naïf... Mais bon, simplet un jour, simplet toujours, et ces deux-là, ne nous leurrons pas, ces deux-là étaient deux beaux simplets parmi les simplets. Cependant, soyons un peu gentils aussi, il faut bien avouer que dans le cas présent, ce n'est pas... Enfin, pas COMPLÈTEMENT de leur faute, ils ne pouvaient pas savoir. Ils voyaient bien à peu près qui était l'infirmière, mais ce gars-là, ils ne l'avaient jamais vu, et bien sûr, par conséquent, ils ignoraient totalement les liens qui pouvaient exister entre elle et lui. D'ailleurs ils ne connaissaient le nom ni de l'un, ni de l'autre. Ils n'avaient même pas demandé son nom à ce type. Bah, ils buvaient ensemble et causaient, c'était déjà suffisant, on va pas se casser la tête.

- Ben ... non ...

- ... Non, c'est pas ça.

- L'infirmière est ma soeur et je l'aime.

- ... Donc je voulais aller la voir !, déclara-t-il finalement, avec un sourire triste.

Ooooooooh!

"Oh", oui. Mais quel genre de "oh"? On peut dire "oh" pour beaucoup de choses. Ça aurait pu les choquer, Calpis et Ramune, d'apprendre une telle chose —ça aurait choqué certains dévots qui faisaient la loi dans leur petit village de Russie quand ils étaient tout petits—, mais non, ce "oh" là était accompagné d'un double sourire, et il était plein d'attendrissement, peut-être même de compassion. Bon, l'alcool les aidait, peut-être, là-dedans, à sortir ces belles têtes d'ahuris, il fallait l'avouer... Mais ce n'était même pas sûr. Calpis et Ramune sont parfois tellement, tellement simplets qu'on pouvait limite croire qu'ils auraient réagi pareil même en ne s'étant pas sifflé une "très petite" bouteille de vodka et dieu sait combien de bouteilles de bière. Calpis s'avança d'une démarche gauche vers le jeune homme, et vint lui donner une tape dans le dos, de façon pas très discrète ni réservée, il fallait l'avouer, mais ce n'était pas Calpis Debouko qui allait faire preuve de réserve, tout de même... Surtout pas dans une telle situation. Ça ne lui collait décidément pas.

Povvvieux, va...

Comprenez "pauvre vieux". Quand on a un coup dans le nez et qu'en plus on n'articule jamais très très bien à la base, ça n'aide pas. Calpis était donc bel et bien compatissant... Bien qu'il n'ait jamais été dans la même situation que Kiara, on vous rassure. Calpis avait bien une soeur —si vous ne me croyez pas, c'est marqué sur le testament prématuré que Ramune a écrit pour lui—, et l'avait toujours aimée de tout son coeur, mais pour autant il n'était pas amoureux d'elle, loin de là. Ce qui, ils l'avaient interprété ainsi, à tort peut-être, était le cas pour ce gars-là... Ramune, avec un peu plus de réserve, but une nouvelle fois au goulot de sa bouteille et s'essuya la bouche d'un discret revers de main, avant de considérer à nouveau Kiara d'un air non pas antipathique, on vous rassure, mais pour le moins sérieux... Même si lui aussi était déjà alcoolisé à un degré pas très lointain de celui de son camarade, il pouvait encore dire des choses à peu près logiques, et n'y alla peut-être pas avec la plus extrême délicatesse, mais dit au moins ce qu'il pensait... À sa manière. Calpis est plus doué pour dire ce qu'il pense... Enfin, c'est ce que je pense. *SBAF*

Mmh, mais même en sachant ça... Dans ces cas-là, ce n'est peut-être pas pour rien qu'elle t'a viré, si?

OUH. C'était pas très gentil, ça, et ça sonnait un peu intolérant sans doute. Mais il essayait juste de se mettre à la place de la soeur en question pour lui trouver à elle aussi des excuses... Le but n'était pas d'attiser chez Kiara des haines contre sa soeur, même si de toutes façons, et ça, les deux vieux ne le savaient pas, il en serait sans doute parfaitement incapable...

Mmh, mais même en sachant ça... Dans ces cas-là, ce n'est peut-être pas pour rien qu'elle t'a viré, si?

- Je suppose qu'elle a ses raisons ... elle est occupée ...

- Mais je ne prévoyais pas la déranger ! Pas du tout ! Je voulais juste lui parler un peu ! ...

N-Nanchi...? Oh, mais non!

'Faut pas pleurer, voyons!

Les sanglots de Kiara avaient pas mal pris les deux profs de court. Ils ne s'imaginaient pas qu'il irait jusqu'à se mettre à pleurer... Après tout, c'était bien ce que l'alcool faisait, parfois. On dit que l'alcool ne fait qu'amplifier l'état dans lequel on se trouvait présentement... Eh ben, il devait pas voir rose, pour le coup, ce gars-là. Pas étonnant. Ramune le comprenait un peu moins, mais Calpis voyait bien de quoi il s'agissait. Et dans son état, il ne se gêna pas pour le dire. Il vint alors passer son bras autour des épaules de Kiara, comme si ce dernier était un vieux camarade avec qui il avait gardé les vache ; bah, de toutes façons, ce petit gros-là ne s'était jamais trop gêné dans les relations humaines, et puis, il était plus très frais, alors...

Va, ch'te comprends, ch'te comprends. (Un geste en direction de Ramune qui, las, ne songeait même plus à le prier de faire preuve de retenue.) Tu vois, ce gars-là... Ben il fait un peu pareil, il passe son temps à me semer à travers l'école pour plus être avec moi. Il passe son temps à se débarrasser de moi quand ça lui chante, et moi, il voit même pas que ça me rend triste... Tu vois, c'est pareil...

Boke... Ça n'a rien à voir! Et n'embête pas le monsieur avec nos disputes personnelles, s'il-te-plaît!

Cela dit en pesant bien ses mots, comme un adulte parle à un gosse. Comme assez souvent lorsque Ramune s'adressait à Calpis. Et encore, là, c'était tout de même dit assez gentiment. Du reste, rien que d'ordinaire... Faut-il rappeler comment ils passent leur temps à se comporter?

Si, c'est PAREIL!

Petite vomissure de mots de bourré. Avec la voix qui partait en montagnes russes. Vous connaissez le topo. Du moins je pense... Tout de même. On aurait beau chercher, Calpis et Ramune pourraient, à tout prendre, se trouver des ressemblances avec absolument n'importe qui. Ils se retrouvaient en Keitarô et Naru, Calpis retrouvait un peu de Ramune en Tsubaki Risa, Takahashi Yumiko avait un peu l'impression de retrouver la relation amour/haine qu'elle entretenait avec son autre personnalité en les deux vieux, et à présent, voilà qu'ils ressemblaient EN PLUS à Kiara et à sa soeur. Décidément, Calpis et Ramune, c'étaient toute l'humanité... C'était d'ailleurs pour ça, peut-être bien, qu'ils avaient une capacité d'adaptation si développée...

En attendant, Calpis, après avoir encore vidé une bonne partie de sa bouteille, s'était assis par terre, tirant la gueule, et il avait écarté des deux mains les deux bords de son accordéon, laissant s'échapper un nouveau sifflement sans tonalité précise. Alors il leva les yeux vers Kiara, discrètement mais tout de même. Après tout, c'était bien à lui qu'il allait s'adresser...

Eh, qu'est-ce que je te joue?

Une drôle de question abrupte, tombée comme ça, et qui attendait une réponse bien précise, équivoque à l'habituel "qu'est-ce que je vous sers?" des serveurs au restaurant. Évidemment, le contexte n'était pas le même et ça paraissait plutôt étrange dit comme ça... Mais bon, nous n'en sommes pas à la première étrangeté, pas vrai?

Eh, qu'est-ce que je te joue?

- C'que tu veux ... Franchement, je ne m'y connais pas vraiment en musique.

Ah, c'est vrai? C'est dommage, ça...

Chacun fait ce qu'il veut, hein.

Calpis avait répondu avec un peu d'humeur, il est vrai, mais seulement pour la forme de contredire un peu Ramune qui l'avait énervé, à vrai dire. Le ton mis à part, c'était juste une réaction habituelle sachant que Calpis était en règle générale plus tolérant que Ramune, et qu'il n'aimait pas trop critiquer le caractère des autres gens tant que ce caractère n'avait pas réellement quelque chose pour l'énerver. Ou quelque chose de bien ostensible qu'il trouve comique. On le sait avoir sorti parfois de belles choses à des voyageurs de passage dans leur maison, du genre "Tu manges comme un porc, toi" ou "T'as de drôles de vêtements ; t'es un prêtre lama, c'est ça, pas vrai?" ...Genre de répliques plus risibles qu'autre chose, à la vérité... À condition de ne pas être susceptible. Mais là, non. "Chacun fait ce qu'il veut", la paix sur terre, les gens s'aiment et Calpis est un grand sage. Un grand sage qui après un petit "bon" marmonné entre ses dents, se mit à jouer... Ben, ce qui lui chantait, puisqu'on ne lui avait rien demandé. Ni Kiara, qui l'avait bien montré par des mots, ni Ramune, mais comme Calpis était à présent en colère contre Ramune, il n'allait de toutes façons rien lui accorder, à ce poteau électrique-là. Il ne le méritait pas, et puis c'est tout. "Na", comme disent les enfants... Et Calpis tenait bien de l'enfant.

Mh-mh-mmmmh...

Ça avait commencé par un traditionnel russe de Noël. Ne me demandez pas pourquoi Calpis avait choisi un chant de Noël. Il aimait bien la mélodie, c'est tout. Et "commencé", oui, parce que très vite et tout d'un coup, la mélodie russe s'était changé en accords désordonnés pleins de changements de rythme, de silences et de sautes. Ramune avait haussé un sourcil alors. Et tandis que Calpis repartait sur du musette parisien, il se décida enfin à lui demander ce qui lui passait par le crâne.

Mais qu'est-ce que tu fais?

Je joue. Ça s'voit pas?

Mais tu mélanges tout.

Je fais c'que j'veux!

Et Calpis de continuer à jouer, passant rapidement du musette à un morceau jazz-like qui était d'une tonalité similaire. Ramune faisait la grimace. Pour lui qui avait toujours aimé la rigueur quelle qu'elle soit, le mélange des genres, et surtout, un tel medley balancé totalement à l'arrache était à éviter. Et pourtant Calpis le faisait, et bien inspiré apparemment, puisqu'il faisait preuve d'une certaine dextérité et surtout qu'il n'hésitait absolument aucunement sur ses enchaînements, aussi douteux puissent-ils paraître parfois. C'est la clé d'un musicien qui a quelque chose d'original à jouer : toujours avoir l'air sûr de soi, ne jamais montrer le moindre signe d'hésitation, ça vous trahissait. C'est comme ça... Était-ce l'alcool qui donnait à Calpis toute cette inspiration soudaine, ou était-ce parce qu'il jouait pour se passer les nerfs, ou juste parce qu'en règle générale ce gars ne réfléchissait pas trop? Allez savoir. Ramune abandonna. Et de parler à Kiara à nouveau.

Hey, boy. Tu veux une autre bière?

normaux

Hey, boy. Tu veux une autre bière?

- Ça ne se refuse pas !

Alors, ça marche! Tiens, j'te l'ouvre.

Sitôt dit, sitôt fait, et en un rien de temps, la grande asperge se pliait en deux pour tendre au jeune homme qui était en bas une autre bouteille décapsulée. En fond, Calpis était passé sur la Marche Turque. Le petit gros s'était remis à sourire, peut-être porté par ce qu'il faisait, ce qui l'aurait alors, sans doute, poussé à oublier un peu qu'il était censé faire la gueule.

'Faut en profiter tant qu'on en a, hein! On n'en aura pas toujours de la comme ça.

Drôle de façon de formuler la phrase. Comme si Kiara et les deux vieux allaient à présent se revoir régulièrement pour partager de l'alcool. Ce n'était pas dit, et les deux amis ne prenaient certainement pas ça pour argent comptant ; ils n'étaient pas du genre à forcer la rencontre, ils laissaient plutôt faire le hasard et l'envie de gens. Ils étaient toujours contents d'avoir de la compagnie, mais s'ils n'en avaient pas, ce n'était pas non plus trop grave : ils s'avaient, l'un et l'autre, et ça suffisait à être heureux tout le temps. Non, ça ne voulait donc pas dire ça... Ça signifiait tout simplement... En gros... Que de toutes façons, si Kiara le voulait, ils seraient toujours là s'il fallait. Ils étaient partout. Ou en tout cas, ils ~avaient été~ partout. Et de ce fait, rien d'étonnant à ce qu'ils reçoivent ainsi de l'alcool de Russie, des grigris chinois ou africains, des croquis réalisés par de nouveaux artistes américains qui voulaient faire leur trou et fonder la nouvelle vague de demain, du thé, des produits du terroir, et des photos d'amis de partout... Ils s'étaient fait des amis à travers les continents, et leur bonne humeur et leur gentillesse savait conserver ces amitiés-là. On ne s'écrivait pas si souvent, parce que, chacun de son côté, on avait ses propres affaires, mais lorsqu'on venait parfois en visite, au détour d'une nouvelle aventure de la vie, qu'est-ce que c'était comme accueil! On dansait comme des fous, on s'étreignait avec effusion, et que viens voir machin comment il a grandi, et viens voir machine comme elle est devenue belle, et lui il a pas changé, il est content de vous revoir aussi, vous pensez... Et puis, évidemment, outre les cadeaux ou les nouvelles qu'on s'envoyait par-delà les mers, c'était toujours donnant-donnant en cas de besoin. C'était justement grâce à ça, aussi, après tout, que Calpis et Ramune avaient retrouvé Tamao, à la base... Ils n'auraient pas eu toutes ces vies si multiples, ils ne seraient jamais arrivés ici à leur point d'arrivée. Malsain, de se retrouver à la moitié de sa vie avec déjà tant de choses diverses et irrégulières derrières? Certains le diront, oui, mais pour ces deux-là, c'était loin d'être le cas. Enfin... Ça ne serait pas la première fois après tout, qu'un détail de leur vie commune pourrait être controversé. Et ils s'en fichaient... Dieu comme ils s'en fichaient. De toutes façons, comme disait Calpis, ils étaient "d'honnêtes citoyens". On n'aurait rien à leur reprocher, légitimement, quoi qu'il arrive...

- ... Merci.

- C'est difficile ? Je veux dire ... C'est difficile d'apprendre à jouer d'un tel instrument ?

Sourire de Ramune aux remerciements de Kiara. Ce n'était pas tous les jours qu'on les remerciait quand ils aidaient quelqu'un, en vérité... Pourtant, Dieu sait qu'ils en avaient aidées, des personnes, dans leur vie... C'était une fois allé jusqu'à ce que Calpis, sur un ordre pressant de Ramune, donne carrément un de ses canots de pêche à un étranger échoué chez eux pour qu'il puisse rentrer chez lui... Et pas de merci, justement. De nombreuses nouvelles sur le monde extérieur, car en ce temps-là ils habitaient en retrait, mais pas de merci. Alors qu'on leur dise merci pour une bière, ça faisait plaisir tout de même. ...Bon ; et la question de Kiara? Calpis s'était arrêté de jouer aussi sec, laissant son instrument lâcher un son assez désagréable, tandis qu'il considérait Kiara —de bas, puisqu'il était toujours assis pour sa part et toujours pas très grand—... Un très court instant de silence passa, puis le petit gros éclata soudain de rire —un rire un peu gras, un peu forcé par la dose d'alcool qui passait actuellement dans ses veines, rien à voir, en bref, avec le 'hihihi' discret dont il pouvait être capable... Si Ramune n'avait qu'un vrai niveau de rire, le grand, le bien fort qui explosait bien haut, Calpis, en revanche, pouvait y aller à plusieurs hauteurs.

Hahaha! Mais je m'en rappelle plus, ça! Ça fait tellement longtemps que j'en joue... Alors, pour moi, évidemment, ce n'est pas bien difficile maintenant... En tout cas, ce dont je suis sûr, c'est que c'est bien moins dur que... Le violon, tiens, par exemple. C'est une vraie plaie, le violon.

Drôle de façon de répondre, à vrai dire, en rebondissant sur un autre instrument, comme ça... Ceci dit, Calpis admirait réellement les violonistes, rien que parce qu'ils arrivaient à sortir un son potable de cet instrument si terrible. Quoi, vous allez me dire qu'ils étaient là, aussi, à côté d'un violoniste, en train de le voir jouer? Eh oui, ça aussi, ils l'ont fait. Ils ont tout fait, moi, je vous le dit. Et du temps où ils avaient été assistants de ce vieux violoniste qui aimait jouer du Bach et qui traitait son instrument comme son enfant, ils respectaient religieusement celui qui arrivait à tirer des notes de ces quatre cordes. Bon, bien sûr, Ramune, en s'y essayant, avait fini par réussir à quelque chose, mais Calpis n'y était jamais arrivé. Ainsi donc, pour lui, le violon était devenu un bon exemple d'instrument difficile par excellence, et il était bien content avec son accordéon. Tandis qu'il repensait à leur ancien employeur avec une certaine nostalgie, le petit gros se mit à jouer, note par note, quasiment sans rythme à l'arrière, le 'Que ma joie demeure' dont les notes volatiles vinrent se perdre dans le ciel. Étrange d'entendre jouer ce morceau par un accordéon... On aura tout vu, hein. Mais avec la musique, on peut tout faire! Ce faisant, comme il y allait à un rythme lent et qu'il pouvait par conséquent se concentrer sur autre chose, ralentissant encore un petit peu, allégeant sa mélodie, il se mit à parler, baissant les yeux sur son instrument avec un petit sourire perdu dans le passé. Dans le temps où Ramune et lui commençaient tout juste à jouer de la musique...

Mmh... Moi, je joue de l'accordéon, et Ramune est au piano... On dit que l'accordéon, c'est aussi un piano... "Le piano du pauvre", c'est ça qu'on dit... Alors qu'ils ne sont même pas de la même famille... Ce sont pourtant des pianos tous les deux...

Voyons... Qu'est-ce que tu racontes, Boke?

Mmh...

Haussement d'épaules de Calpis, qui restait perdu dans son sourire. Allez savoir, ce qu'il racontait là, lui-même ne le savait pas, peut-être bien. Après tout, il ne disait que la vérité, mais pourquoi ça lui était venu comme ça, d'un coup... Ça, allez savoir. Quand on est bourré on va pas chercher très loin ce qui se passe dans les tréfonds de notre crâne... Chauve.

- Eh ? Vraiment ?

Mmh... Moi, je joue de l'accordéon, et Ramune est au piano... On dit que l'accordéon, c'est aussi un piano... "Le piano du pauvre", c'est ça qu'on dit... Alors qu'ils ne sont même pas de la même famille... Ce sont pourtant des pianos tous les deux...

- Je croyais que c'était un peu comme un piano, moi ... C'est mélangeant.

Ah, désolé... Le but n'était pas de te paumer, c'est pas bon avec l'alcool, ça...

Apparemment, on comprenait tout à fait. Heh...! Après tout, Kiara n'était pas le seul à boire... Il n'était donc pas le seul à faire l'expérience désagréable du mal de tête quand on essaie de réfléchir après s'en être avalé un petit coup. ...Valse. Vous allez me dire : c'est classique, pour un accordéon de jouer du ternaire... Ah là là... Et vous aurez raison, c'est terriblement classique... Les valses... Les bals parisiens... Le musette... Et si Calpis avait une fois dans sa vie gagné sa croûte dans les rues de Paris? Allez savoir, c'était loin d'être impossible... Après tout ils avaient vécu tant de choses... Tant de choses qu'ils paraissaient jeunes, presque, par rapport à toutes ces vies qu'ils avaient eues. Flics, musiciens, truands et flics, marchands, agriculteurs comme industriels, ils avaient touché aux armes à feux, aux armes blanches, à ce qui n'était pas une arme du tout, ils avaient rencontré, sauvé ou tué des animaux, des gros, des petits, des pays les plus chauds et les plus froids, ils avaient tué quelques hommes —ben quoi?— mais ils en avaient aussi aidé beaucoup, ils avaient fait des choses répréhensibles et des choses louables, ils avaient été les pires et les meilleurs des hommes, ils avaient été du Sud et du Nord, si bien qu'on n'était même plus sûr de leur nationalité... Ils avaient des noms bizarres, c'est sûr, surtout pour des Japonais... Mais est-ce que c'étaient vraiment leurs noms d'origine d'ailleurs? Et d'où ils sortaient de toutes façons? Dans quel pays au juste avaient-ils bien pu naître et grandir, et où avaient-ils trouvé le temps de faire tant de choses dans leur vie?

...Valse. Mais une valse un peu particulière, en réalité ; Calpis avait simplement transformé son "Que ma joie demeure" d'un instant plus tôt en un truc à trois temps avec l'habituel "talala" de l'accordéon derrière. C'est dur à expliquer... Mais c'est déjà dur à concevoir ; comment ils ont fait pour faire un instrument qui faisait tout en même temps la mélodie et le rythme de façon aussi complète? ...Bah, c'est pas Calpis qui le sait, ça non. Il se contente d'en jouer, et c'est déjà pas mal. Yeux de Ramune. Soupir de Ramune, en fait, on pourrait croire que c'était de la consternation mais ça n'en était pas vraiment. Un truc du genre... "J'le crois pas", ouais, mais à mi-chemin entre un sentiment positif et un sentiment négatif... Admiration et incrédulité...

T'es vraiment impossible... Alors que t'es à moitié bourré comme un coing, tu restes capable de jouer comme ça?

En belle réponse d'adulte, on lui tira tout simplement la langue. Waouh, ça c'est du beau gamin de fin de quarantaine. Mais c'est vrai, il était à moitié bourré, dans le fond...

- Ah, c'est rien, c'est rien ...

- Ça doit être bien de danser sur une melody du genre ...

Mmh... Danser?

Ramune sourit en lançant un regard à Calpis. Danser... Effectivement, danser, c'était sympa. Et s'il regardait à présent son petit gros, c'était qu'ensemble ils en avaient dansé des choses, dans leurs vies. Des danses japonaises et chinoises traditionnelles pour les festivals... Les fameuses danses accroupies de la Russie... Les danses indiennes un peu... La gigue et la slip jig... Le tango —j'vous laisse pas imaginer le ridicule... Sans compter les folles improvisations dans les salons américains où on causait art contemporain... Apparemment, les deux vieux pensaient en ce moment à la même chose, puisqu'ils échangèrent un rire.

Si Calpis n'était pas en ce moment à l'instrument, on danserait bien, tous les deux, sans doute. Pas vrai, mon gros?

Sûr. On est de bons danseurs... Des danseurs du ridicule. À renommée internationale.

Il y avait bien des sourires sur ces drôles de visages, et ça ne les quittait plus. Évidemment, c'était sûrement l'alcool qui poussait Calpis à s'exprimer en de tels termes, rien qu'à dire au départ qu'ils étaient "de bons danseurs"... Mais après tout, comme tout un chacun, ils savaient, quand ils y mettaient du leur, s'amuser à la danse, et tant pis pour leurs vieux os, ils n'étaient pas le genre à s'empêcher de vivre avec l'âge! Ils n'étaient même pas à la moitié de leur vie en vérité, en admettant qu'ils vivent plus de cents ans, et puis, ils faisaient partie de ces grands bons vivants qui profitaient tout autant qu'ils pouvaient du nouveau jour qui venait...

Ceci dit, je suis sûr que Ramune est frustré parce qu'il aurait bien aimé faire danser une femme. Ah, t'en as fait danser des petites européennes, et sous mon nez, à chaque fois que j'avais ma boîte sur les jambes, hein?

Allusions à des années de jeunesses ou Ramune, encore grand con à cette époque, avait eu l'occasion d'aller flirter à droite et à gauche. En tout cas d'inviter à la danse la première venue, et d'en profiter autant qu'il pouvait... Bien que ça ne veuille rien dire, ni pour l'un, ni pour l'autre, Calpis avait toujours été un peu vexé que Ramune danse ainsi sans lui, et lui avait toujours gardé ce léger grief. Le rire qu'il lançait à présent à l'intention de son ami, tandis que sa "boîte" sortait toujours ses petits sons doux d'enfant qui pleure, avait quelque chose de grinçant, et Ramune le savait bien.

Voyons... Tu ne vas pas m'en vouloir éternellement...

Tiens donc, la voilà, ta danse! Danse, Casanova, voilà ton heure!

Et tout d'un coup, voilà que la valse disparaissait, et que sur un ton plus poussé, bien moins posé, Calpis réattaquait La Cumparsita. Ce tango cultissime que tout un chacun a été au moins une fois contraint d'entendre... Dieu merci, le petit gros était tout de même, avec le temps, devenu capable de rire d'un tel sujet. Et Ramune se prenait au jeu, rechignant au départ pour la forme, je vous l'accorde, mais, très vite, il se mit à danser dans le vide, reproduisant avec une précision de professionnel les mouvements latinos... Mais sans partenaire, c'était là toute la différence. Il avait grandi et n'avait plus besoin d'en avoir une pour s'amuser tant à bouger ses guiboles. Alors il dansait dans le vide, et Calpis rigolait en le regardant. Jeu. Quelque chose d'habituel peut-être, la danse, l'alcool, la musique, le jeu. ...Oui. Sans doute quelque chose d'habituel. Et puis, entre deux éclats de rire, voilà qu'heureusement, on s'adressait à nouveau à Kiara :

Ha ha ha! Et toi, l'ami? Il y a une danse que tu aimes?

- Non, non, aucune danse en particulier.

- À vrai dire, je suis pas un très bon danseur.

- Mais quand je dansais, c'était pour m'amuser, alors je m'en fous pas mal ...

Héhé... Évidemment! C'est bien comme ça qu'il faut voir les choses, après tout...

Calpis souriait à présent en direction du jeune homme, sans cesser de jouer, sans que Ramune cesse de danser. D'un détour de tête, la grande asperge sourit elle aussi, d'ailleurs. Qu'est-ce qu'ils faisaient en ce moment même, ces deux-là, de toutes façons? Qu'est-ce qu'il faisait, Calpis, avec son accordéon, à improviser de la sorte? Il s'amusait. Qu'est-ce qu'il faisait, Ramune, à danser comme ça sans partenaire? Bah... Ça paraissait évident après tout.

La musique, la danse, tout ça... Pourquoi ça existe, si ce n'est pour nous divertir, hmm?

Ça pouvait presque paraître simpliste ; mais à quoi bon se prendre la tête, après tout? On l'a dit, en plus, avec l'alcool, ça donne mal au crâne. Et puis, Calpis et Ramune n'étaient pas de ceux qui voyaient la musique comme un moyen d'exprimer la torture des sentiments, les méandres d'une âme profondément tourmentée... La musique, pour eux, et la danse aussi, et tout ce qui s'ensuivait, devait au contraire exprimer des choses simples, et inspirer des sentiments simples à ceux qui l'écoutaient, tout bonnement... Rien de plus, et entre nous, c'était déjà bien assez! N'étaient-ils pas heureux comme ça, nos deux clowns?

Nous aussi, bien sûr... Quand on danse, on s'amuse! Et Ramune, il en a peut-être pas l'air, mais il s'amuse, lui aussi, bien sûr!

Arrêt de la grande asperge. Ah bon...?

Comment ça, j'en ai pas l'air...?

Ben, tu donnes quand même l'impression de te prendre bien plus au sérieux... Comme si c'était quelque chose d'important, comme tout le reste... (Sourire tendre.) Mais t'es toujours comme ça pour tout, qu'est-ce que tu veux que je te dise? Toujours à faire une montagne des choses les plus dérisoires, hein, Ramune?

Tu pourrais surveiller un peu ton langage, quand même...--" J'reste pas avec toi pour me faire sortir mes quatre vérités, que je sache!

Voyons, voyons. C'était pas méchant. Tu le sais bien...

Et le petit gros de retourner à son accordéon avec un bon sourire. Ramune, évidemment, pour sa part, était embarrassé, comme de coutume —de sa petite coutume assez stupide, entre nous. Mais après tout, Calpis ne faisait que dire la vérité, c'était indéniable. Orgueilleux comme il était, Ramune Enko était du genre à tout masquer en sérieux, même ses amusements...

right

- En effet, ça doit exister en partie pour ça, les trucs du genre ...

- ... Vous avez des contacts en Russie, pour obtenir des trucs du genre ?

En partie? Mais voyons, tout ce qui va avec la fête, quel autre but cela a-t-il que l'amusement, pour tout le monde?

Oui, bon, ne nous égarons pas... Il y a aussi les chants patriotiques, ou les chants-emblêmes des croyances qu'on a, la musique dénonciatrice ou celle qui rend hommage, ou...

Aux oubliettes, tout ça! La musique, elle doit nous divertir!

Dans un grand rire fou, joyeux au possible, le petit gros avait lâché les deux bords de son accordéon pour écarter en grand les bras et lever les poings vers le ciel. C'était à la terre entière qu'il adressait ce cri, cet appel à la fête... Évidemment, c'était complètement exagéré. Et la bouteille de bière qui traînait à côté de lui y était pas mal pour quelque chose, vous vous en doutez... Ramune s'empressa de forcer son ami à se calmer un peu, par souci de convenances, et prit soin de confisquer l'alcool, non sans quelques protestations de la part de l'intéressé...

Oui, oui, d'accord. Je crois qu'on va y aller mollo avec ça, maintenant, hein? Tu m'as l'air déjà pas mal atteint.

Grand salaud! Rends-la moi! Si on peut plus rigoler, alors...

Bien sûr, Calpis clamait ses droits plus pour la forme que pour autre chose, et il abandonna assez vite pour retourner à ses petites touches, gardant une moue boudeuse, mais là aussi, c'était pour la forme... Ramune l'ignora à demi, comme il savait bien le faire, et se retourna vers Kiara qui leur avait posé une autre question. Une question pas mal pertinente, et qui ne les dérangeait pas du tout, ma foi.

Bingo. La Russie, c'est l'un de nos pays-maisons, après tout... En vérité, je crois qu'on peut même se vanter d'avoir des contacts avec toute la planète! On a parcouru le monde, cet idiot-là et moi. On a eu une vie bien remplie... Bien sûr, on n'a pas tout vu, il suffirait pas de notre demi-siècle pour ça, mais on en a connu des choses, pourtant!

La grande asperge lâcha un sourire de bienheureux, en repensant à tout ce qui s'était vécu jusque-là et à quel point il en était content. Et puis, bien vite, il se ravisa en se rappelant que Kiara ne voulait sûrement pas entendre une autobiographie, et s'éclaircit la gorge.

Herm! Bref... En Russie, on a gardé de la famille et des amis, et de temps en temps ils nous envoient des alcools, pour pas qu'on perde le goût de ce qui se fait dans le pays, à ce qu'on dit... Ah, ça, on a de la chance, c'est sûr! Et puis... Ah, c'est dommage qu'on t'ait pas croisé plus tôt, on avait de la vodka en plus de la bière... Avant qu'une certaine personne finisse la bouteille.

Eh, oublie pas de dire que t'en as bu aussi avant de m'accuser, tête de bois...--"

- You're lucky.

~~, prononcé avec le bel accent britannique qui va avec~~

- C'est dommage, pour la Vodka. Je vais devoir me contenter de celle qu'on trouve dans les magasins.