Il était une fois, parce que le narrateur n'avait aucune autre idée de début, un temple. Un temple dans lequel peu de gens venaient pour y prier ou acheter des porte-bonheur, mais qui avait tout de même la réputation d'être fiable.

Et c'est justement après avoir eu vent de cette rumeur avec ses grandes petites oreilles que Kagamina entama une petite visite au dit sanctuaire, histoire d'y prier un peu et de vérifier si les bruits qui courent sont réellement fondés. Et puis, pourquoi ne pas en profiter pour le marquer dans le journal du collège ? Déjà qu'une toute petite histoire pouvait attirer un bon nombre de curieux, alors si on parle d'une affirmation, ça sera peut-être le fiasco ! Et Mina aimait provoquer une zizanie devant le panneau d'affichage.

Voilà pourquoi, en ce frais matin ensoleillé de printemps durant un calme week-end, la corneille se trouvait déjà en train de courir en direction du temple, montant les marches quatre à quatre, portant sa tenue habituelle, avec un sac à bandoulière pendant sur son épaule et son chapeau manquant de tomber.

Lorsqu'elle arriva en face du sanctuaire, son éternel sourire s'élargit. Il semblait bien plus ... occupé qu'elle n'aurait pu le croire. Une personne s'approchait vers elle pour partir, accompagnée de deux enfants. Qui mangeaient.

Un gargouillement faible survint. Même si il n'était pas très auditif, Mina le sentait tout de même passer dans son ventre, et se souvenait qu'elle n'avait pas vraiment pris le temps de manger quelque chose avant de faire ces trente minutes de déplacement, du dortoir à ici.

Sans plus attendre, Mina cherchait un endroit où se poser, son regard se posant avec intérêt sur un banc placé sur le côté du jardin du sanctuaire, puis elle partit très rapidement vers celui-ci, avant d'ouvrir un paquet de bamboulas, biscuits au chocolat ayant pour mascotte un petit africain.

Sortant l'un des gâteaux du paquet et s'apprêtant à le croquer à pleines dents, la journaliste remarquai qu'une autre personne venait d'arriver. De courts cheveux noirs en bataille, et un air plutôt blasé, pensait la Kagami.

- Hey, salut ! T'en veux un ? dit-elle amicalement au nouveau venu en montrant son paquet.

L'inconnu entendit Mina de l'endroit où il se tenait, et, visiblement, il avait l'air assez embarrassé du fait qu'elle lui ait adressé la parole sans qu'ils se connaissent - mais que voulez-vous, cette habitude de parler est incroyablement impossible à arrêter.

Il hocha la tête, et répondit d'une voix tellement inaudible que Mina ne comprenait rien du tout à ce qu'il essayait de raconter. Peut-être un bonjour où un " Qui es-tu ? ", mais au vu de son expression, il semblait à coup sûr qu'elle se trompait.

Penchant la tête, Mina prit un air curieux. C'était faible, mais l'air avait quelque peu changé, comme si il s'était un peu rafraîchi.

* Etrange, tout ça. * se dit-elle en croquant dans son biscuit.

Par précaution, et surtout parce que cela devient à présent une habitude pour elle, Mina concentra son esprit, chose assez rare, pour essayer de détecter une quelconque aura.
Chose qui n'était pas vraiment si loin, en fait.
Léger, presque indétectable de là où elle se trouvait, une petite trace de magie entourait le garçon qu'elle avait interpelé une minute plus tôt. Elle voulu lâcher un léger soupir ; le printemps était arrivé, donc les bêtes, maléfiques ou non, sortaient de leur trou. Il était donc un peu plus dangereux de se promener seul dans un endroit peu fréquenté, surtout en nuit.

En tout cas, c'était déjà plus rassurant. Mina revint rapidement à ce qu'il avait essayé de répondre plus tôt ...

- Je n'ai rien compriiiis.~ Tu avais dit quoi ? s'écria-t-elle en agitant ses bras.

- Non, ce n'est pas la peine de me donner un biscuit, je suis bien comme je suis présentement...

Décidément, le garçon à quelques mètres de Mina n'était pas très bavard et vraiment farouche. Sa manière de se retourner était moins crispée que tout à l'heure, et le sourire qu'il arborait semblait ... cacher quelque chose ? La corneille n'arrivait pas vraiment à déceler ce qui pouvait clocher dans l'air qu'il portait.

- C'est dommage ! Ils sont vraiment bons, tu sais.

Celle-ci soupira en croquant un autre bout de son biscuit, il était vraiment étrange, il faut dire. Autrefois, à Nara, tout ceux à qui elle proposait quelque chose acceptaient avec joie en donnant un joli sourire à la gamine qu'elle était. Peut-être parce que tous la connaissaient, sans doute. Et qu'ils venaient de la région. Car oui, elle venait de remarquer sur le visage du garçon des traits qui ne semblaient pas être japonais.

Un anglais, un français ou bien un allemand, voire même un turque à de très basses chances ? Kagamina ne savait pas vraiment de quel pays il pouvait provenir, et ces cheveux noirs n'aidaient pas vraiment. Ces yeux rouges sanglants - de la même couleur que quand elle emprunte sa vraie forme - eux aussi.

Mina mangea le dernier morceau de son biscuit, qui faillit rester coincé dans sa gorge celui-ci étant trop gros pour elle. Mais aussi parce qu'elle venait de se rappeler de ce qu'elle était censée faire en partie ici. C'est pourquoi, rapidement, elle rangea son paquet de gâteaux bamboulas et partit comme une flèche vers la boîte de donations, en face de l'entrée du temple et visible de partout sur la terrasse.

La main dans la poche de devant du sac, elle en sortit trois pièces de 500 yens, et ...

- ... Qu'est-ce que je peux bien souhaiter ? se demanda-t-elle à voix haute, avant de réfléchir sur différents voeux qui affluent dans sa tête d'idiote.

Elle aurait tout de même put y penser avant, mais bon ...

- On... Cette boîte... Est... Comment dire... Comme un fontaine... À souhait?

Tandis que Mina réfléchissait longuement sur quoi souhaiter en offrant trois pièces de 500 yens, le garçon de tout à l'heure finit enfin par adresser la parole à celle-ci, sans qu'elle n'ait à le questionner ou autre. C'est pourquoi elle laissa échapper un sourire, non pas qu'elle se moquait mais plutôt qu'elle était contente de l'entendre parler. Certes, c'était un peu maladroit, mais il avait tout de même ouvert la bouche.

D'après ce qu'elle a put comprendre, il se demandait bien ce que pouvait être la boîte à donations. Il était donc peut-être vraiment un étranger qui est arrivé sans trop connaître les "manières" religieuses du Japon, chose que Mina apprécie plutôt bien sans trop avoir de connaissances étalées dans le domaine.

- Si on veut, c'est une fontaine à souhaits, oui ! répondit-elle gaiement. En fait, c'est plutôt une boîte à donations. Il suffit de donner de l'argent au temple par cette boîte, et prier en joignant nos mains, tout en pensant à notre souhait.

Elle enfonça rapidement les pièces dans sa poche, avant de montrer du doigt une grande corde attachée au pilier de bois du temple, au bout duquel trônait deux grosses cloches dorées.

- Ensuite, il suffit de faire sonner les cloches, pour envoyer notre prière au ciel ! Après, peut-être que ton voeu sera réalisé si tu y tiens beaucoup, ou que tu as la chance ... dit-elle en baissant la main. Par contre, fais attention de pas décrocher la corde. Ca arrive parfois et j'imagine que ça montre que tu as le malheur.

Sur cette dernière phrase, elle fit un léger rire. Elle se rappelait très bien avoir vu il y a longtemps un camarade de classe qui s'était pris les cloches dans le pied, et qui par la suite était poursuivit par les daims.

Revenant au moment présent, Mina se remit à songer à ce qu'elle souhaiterait demander, sans trop tarder. Elle n'avait pas toute la matinée devant elle ; dans quelques heures, elle devrait aller faire un tour dans son club. Il était certes le tant attendu samedi de la plupart des élèves, mais elle avait oublié une pellicule d'appareil photo numérique dans la salle attribuée aux journalistes du collège durant sa hâte le vendredi soir, et il fallait faire en sorte que les clichés soient développés pour le lundi. De plus, prendre des photos du temple pour le prochain article lui était demandé.

Pendant que le brun lançait sa pièce, Mina réfléchissait, avant de finalement trouver une idée pour sa prière. Il y avait quelques jours de cela, elle avait reçu une plutôt mauvaise note - 39 sur 100. - à une interrogation écrite d'Histoire. Pourquoi ne pas souhaiter obtenir une meilleure note au prochain test ?
Rapidement, Kagamina lança les trois pièces dans la donation box qui entrèrent avec succès au fond de la boîte, puis elle frappa deux fois dans ses mains en fermant ses paupières, priant avec force son envie d'obtenir une bien meilleure note dans la matière qu'elle rate le plus - et exceptionnellement aussi avoir plus d'argent de poche le mois prochain ... Mais qu'importe.

La corneille fit un large sourire idiot lorsqu'elle finit par penser que sa longue prière - qui durait en fait que dix secondes - était suffisante. Puis, lorsqu'elle ouvrit ses yeux et s'apprêtait à faire sonner une ou deux fois les cloches, un bruit sourd se fit entendre juste derrière elle qui sursauta. Faisant volte-face, elle vit que l'une des cloches au sol, tandis que les deux autres restaient intactes, mais semblaient menaçantes aux yeux de la collégienne.

Cette dernière resta d'ailleurs à fixer le haut de la corde, l'air visiblement choqué, avant que jeune homme prit la parole :

- Et ça, ça veut dire quoi? Que je vais mourir dans la semaine?

Mina resta longuement silencieuse, regardant à tour de rôle le garçon, la corde et la cloche, avant de dire d'une voix nerveuse :

- Je ne pense pas ... J'ai déjà eu l'expérience de voir un de mes anciens camarades avoir les trois cloches au pied et finir par être salement pourchassé par les daims par la suite, donc ... Mais peut-être il va t'arriver un malheur ... Par exemple avoir une averse tomber sur toi, ou perdre tes clefs ou ton portefeuille dans un endroit public, quelque chose comme ça.

Elle poussa un léger rire nerveux, mettant sa main derrière la tête. C'était moins grave que la dernière fois qu'elle avait vu une chose pareille, mais il y avait peut-être une espèce de subtilité avec tout ça. De plus, elle n'avait jamais eu le don de prévoir des choses en rapport à la religion, Dieu ou autre, c'est pourquoi elle se trompait peut-être, pensée qui la mit assez mal à l'aise.

La journaliste réfléchit longuement à un moyen de rendre l'atmosphère plus légère, avant d'attraper la cloche qui avait pratiquement la même taille que sa tête, et de la prendre dans ses bras frêles pour aller la déposer derrière la boîte.

- Le prêtre va la remettre à sa place quand il la verra, dit-elle. Je pense pas que nous pourrions la remettre sans ... pâtir.

Puis, essayant de paraître très détendue, elle secoua la corde une fois, puis une deuxième, les deux autres cloches sonnant dans un bruit aigu mais très reposant.