Vous savez comment c'est, non? Des fois, que ce soit l'école ou un simple appel moral qui vous fait bien suer mais qui ne s'en va pas si facilement non plus... Y a toujours quelque chose qui vous oblige à revenir vers ce bon vieux gymnase. Des fois, c'est juste le hasard. C'est juste parce que vous passez à côté et qu'en le remarquant vous vous arrêtez, et que vous regardez machinalement à l'intérieur juste à cause du bruit de ballons, de balles et de chaussures sur les terrains stabilisés. Ils ont l'air d'avoir du fun là-dedans. Ou bien de donner le meilleur d'eux-mêmes, mais quelquefois c'est les deux aussi. Petit accès de nostalgie pour Tamao. Il avait dû y avoir un moment dans sa vie où il avait pu avoir du fun dans un gymnase. Sûrement quand il était gamin et que beaucoup plus de choses lui paraissaient cool, comparées à maintenant. À l'exemple du sport, justement. Le sport, c'était fun, par exemple. ...Enfin, d'accord, pas n'importe quel sport. La course à pieds et le foot, je sais pas, ça, c'était fun. D'ailleurs Tamao n'était pas mal en course —que ce soit simple ou avec des obstacles ou tout ce que tu veux—, comparé à la nullité qu'il faisait valoir dans le reste des disciplines sportives. L'explication n'a rien d'étonnant : quand pendant ta scolarité primaire t'as passé ton temps à fuir des brutes qui voulaient te tabasser, ça entraîne... Bon, jouer avec un ballon, pourquoi pas, oui. Tant que ce ballon ne se mettait pas à voler trop haut au-dessus du sol. Parce qu'assez vite entrait en compte un détail important qui paralysait complètement Tamao : SES LUNETTES. En volley, en hand et tout ce que vous voulez, ça ne rate jamais : le ballon il est bien trop haut, et avec la veine de Tamao, vous pensez bien que ça doit lui coûter raisonnablement au moins une paire de lunettes tous les deux jours, à ce rythme...
Fin de l'introspection sportive. Tamao, qui depuis l'extérieur du gymnase continuait de considérer les joueurs divers, préféra hausser les épaules. Non, décidément, à la réflexion, le sport, c'est une chose bien trop dangereuse. Je préfère me faire exploser des machines qui marchent pas à la gueule, tout le monde sait que c'est beauuucoup moins dangereux.
Huwh... Pas pour moi, c'truc-là.
Et, après cette simple remarque, lâche au possible peut-être, le petit binoclard fit demi-tour dans l'idée de quitter cet endroit malheureux où à l'origine, il n'était arrivé que ~par hasard~...